Chroniques de la Rive-Sud 1947-1997

Michel Pratt

 
 

1957- Longueuil fête son tricentenaire

C'est l'année des célébrations. Alors que Longueuil fête son tricentenaire, Saint-Lambert célèbre son centenaire. Longueuil est la quatrième ville à fêter son tricentenaire après Québec (1908), Trois-Rivières (1934) et Montréal (1942). La Société Saint-Jean-Baptiste de Longueuil organise un magnifique défilé de 18 chars allégoriques, ouvrant la parade avec une réplique du château fort et la fermant avec le traditionnel personnage du petit Saint-Jean-Baptiste. La Ville en profite pour publier un bel album-souvenir. Une soixantaine d'invités, triés sur le volet, se voient offrir un petit voyage en avion jusqu'à la frontière américaine; un banquet haut de gamme est offert par la Ville au restaurant Hélène-de-Champlain et Longueuil se choisit, pour clore les festivités, une reine, Hélène Caron.

À Saint-Lambert, le défilé n'en est pas moins grandiose avec plus de 30 chars allégoriques; la soirée se termine par un feu d'artifice.

À Jacques-Cartier, la situation est moins rose. Les citoyens se présentent aux urnes dans un contexte très tendu. Le maire Julien Lord doit proclamer, phénomène exceptionnel, la loi de l'émeute. L'élection oppose l'équipe de Léo-Aldéo Rémillard à celle de Joseph-Louis Chamberland. Elle oppose aussi deux philosophies différentes. L'équipe de Chamberland est composée de sympathisants de l'Ordre de Jacques-Cartier, société secrète vouée à la promotion des intérêts des Canadiens-français dans le secteur public; elle est officieusement appuyée par le clergé. L'équipe de Rémillard est composée de personnages pragmatiques qui se tiennent loin des officines cléricales ou gouvernementales. Les journaux, dont le Courrier du Sud, appuient sans équivoque l'équipe de Chamberland. Il y a beaucoup de grabuge, mais des deux côtés. Chamberland et son équipe remportent facilement l'élection générale.

Le conseil municipal de Jacques-Cartier change le nom du chemin du Côteau-Rouge; certains estimaient qu'il comportait une connotation péjorative. Ce légendaire chemin portait ce nom depuis plus de 200 ans. On choisit alors le nom de Sainte-Foy, rendant ainsi hommage à Lorenzo Defoy, le conseiller du quartier qui prit l'initiative de cette mesure. Le conseil alla même jusqu'à attribuer le vocable de boulevard à cette rue pourtant fort étroite à l'époque.

Suite à la démission du chef de police Ferdinand de Miffonis, en poste depuis 1955, le conseil municipal de Jacques-Cartier le remplace par Édouard Lefebvre.

Sur le plan scolaire, on ouvre l'école primaire Bourgeoys-Champagnat, composée de 23 classes et située au 2180, rue Brébeuf, dans le secteur de la paroisse de Saint-Vincent-de-Paul. L'école est dirigée, à ses débuts, par les soeurs de la Congrégation de Notre-Dame. On construit aussi l'école primaire Paul-de-Maricourt au 1275, rue Papineau, dans le secteur de la paroisse de Notre-Dame-de-la-Garde.

Sur le plan religieux, Antonio Gagnon devient le curé de la paroisse de Saint-François-de-Sales; il occupe ce poste jusqu'en 1969.

Sur le plan social, les Filles Sainte-Marie-de-Leuca fondent le Pavillon de l'enfance, un centre d'aide aux enfants et aux filles-mères, situé sur la rue Louise, dans le quartier du Sacré-Coeur.

Sur le plan économique, Jacques-Cartier est fière de procéder à l'ouverture d'un centre commercial moderne, sur le chemin de Chambly, près du boulevard Sainte-Foy. Des magasins tels l'épicerie à grande surface Steinberg, une nouveauté, attirent une nombreuse clientèle. À Longueuil, on commence à mettre de l'avant que " tout se passe ailleurs ", qu'il est temps d'exploiter davantage le potentiel commercial des Longueuillois. Jean-Paul Auclair, le propriétaire du Courrier du Sud, caresse déjà l'idée d'un centre commercial encore plus prestigieux dans le Vieux-Longueuil. Il réalisera éventuellement son rêve en ouvrant la Place Longueuil en 1966. Toujours à Jacques-Cartier, une autre caisse populaire voit le jour dans la paroisse de Notre-Dame-de-la-Garde. La caisse, située sur le boulevard Sainte-Foy, est présidée par Oscar Béliveau. Oswald Guérin est élu vice-président et Alexandre O'Gleman, nommé secrétaire-gérant.

Parmi les faits divers les plus intéressants de cette année 1957, André Lamoureux met fin à son «poteauthon» de 24 jours. Il tentait de battre le record Guinness. Installé sur une petite plateforme, au sommet d'un poteau d'une quinzaine de mètres, à l'angle de la rue Brodeur et du chemin de Chambly, il couchait dans une rudimentaire boîte qui épousait la forme d'un cercueil. Jamais n'avait-on vu affluer, dans ce quartier, une population aussi dense, venant même de Montréal pour voir l'événement.

Des élections ont lieu à Longueuil dans trois quartiers. Antoine Spickler et Alfred Doucet sont réélus. À la surprise générale, le docteur Pierre Jodoin, président de la commission des fêtes du tricentenaire, est battu par Jean Marien, un candidat pourtant peu connu. Le docteur Jodoin démissionne de son poste de président de la commission de la fête du tricentenaire et y est remplacé par Paul Pratt.

La Commission scolaire catholique de Longueuil ouvre une nouvelle école sur le boulevard Quinn, à l'angle de la rue De Gentilly. L'école François-de-Bienville est bilingue et contient 17 classes.

Tollé de protestations à Montréal-Sud. Le conseil décide d'acheter, malgré les résultats négatifs d'un référendum sur cette question, la maison du conseiller municipal René Lord pour servir d'hôtel de ville. Le conseiller avait démissionné la semaine précédant la décision du conseil pour ne pas se mettre en situation de conflit d'intérêt.

À Saint-Hubert, le curé Ernest Coursol dénonce du haut de la chaire, lors de la messe dominicale, le comportement de deux candidats au conseil municipal qui ont engagé «des tueurs, des bandits, pour voler l'élection, pour entraver la liberté de votre vote». À Mackayville, ville aujourd'hui intégrée à Saint-Hubert, la situation municipale est plus tendue que jamais suite à la démission d'un conseiller municipal et de six des vingt pompiers.

Sur la scène fédérale, le libéral Auguste Vincent remporte la victoire sur son opposant conservateur, Pierre Sévigny, en récoltant 11 012 votes contre 6 131.

Décès

Bertrand, Ovila , conseiller de la Municipalité de la paroisse de Saint-Antoine de Longueuil du 10 janvier 1918 au 9 février 1920. Il fut aussi le premier syndic de la paroisse de Notre-Dame-de-Grâces.

Charrette-Desmarchais, Hector, maire de Jacques-Cartier. Élu maire en 1954, il démissionna en 1955. Il fut conseiller municipal, dans le secteur du Sacré-Coeur, de 1949 à 1954.

Longtin, J.-M., médecin et maire de Laprairie pendant 26 ans.
Mainville, Adrien, administrateur de la boulangerie Mainville, fondée en 1889 par son père Alexis, sur la rue Grant.
Palmer, Fred Hampton, conseiller municipal de Montréal-Sud de 1917 à 1920.
Pepin, Abias, concessionnaire d'automobiles, rue Saint-Charles, à Longueuil, de la compagnie General Motors. Président fondateur de la Chambre de commerce de la Cité de Longueuil, en 1938.


1958


Les employés du Courrier du Sud pendent la crémaillère dans leur nouveau local de la rue Saint-Charles. Il s'agit du quatrième déménagement de l'entreprise qui avait occupé des locaux à Montréal-Sud avant de s'installer près de la taverne du Roi, puis sur le chemin de Chambly, dans l'édifice alors nommé Jazzar.

Sur le plan scolaire, on fonde la commission scolaire régionale de Chambly dont la juridiction dépasse largement le territoire Longueuil. Ses 175 employés sont rassemblés en 1987 sous un même toit, dans l'ancien collège de Longueuil, pour peu de temps puisqu'en 1992, elle cesse ses activités.

Moins d'une année après une élection générale au fédéral, les électeurs sont de nouveau sollicités. Le Québec, cette fois, n'échappe pas au raz-de-marée conservateur sous la direction de John Diefenbaker. À Longueuil, le conservateur Pierre Sévigny obtient 18 637 votes contre 16 238 pour son opposant libéral, Auguste Vincent, et 2 507 pour le docteur et écrivain Jacques Ferron, du parti Social démocrate.

Des élections générales ont également lieu à Montréal-Sud où Sylva Charland est élu maire. Le conseil municipal est également composé des conseillers Paul-Émile Bousquet, Carl J. Carlsen, Émile de Grandpré, Robert Fouquereau, Eugène Haineault et Paul Simon.

Sur le plan scolaire, on construit l'école primaire Notre-Dame au 695, rue Duvernay, en face de l'école Saint-Jean-Baptiste.

À Longueuil, la maison Héroux, à l'angle sud-est du chemin de Chambly et de la rue Saint-Charles, est détruite pour élargir le chemin de Chambly; la Ville s'appuie alors sur le résultat d'un référendum sur cette question où 716 propriétaires électeurs s'étaient prononcés en faveur de la démolition de la maison contre seulement 141 opposants. La Banque de la cité et du district de Montréal, devenue depuis la Banque Laurentienne, se porte acquéreur de l'emplacement et y aménage, en 1963, à côté de la nouvelle banque, un musée historique qui sera gérée, jusqu'en 1976, par Odette Lebrun; le musée ferme ses portes en 1992.

À Longueuil, des élections municipales ont lieu dans trois quartiers. Médard Deniger, Marcel Mongeau et Jean Armand sont élus conseillers.

Sur le plan économique, la Banque canadienne nationale déménage dans un nouvel édifice à l'angle des rues Saint-Charles et Saint-Alexandre.

À Saint-Lambert, Lucien Houde est élu maire par acclamation; il succède à J.L. Townshend. Trois nouveaux conseillers sont également élus: Louis Geoffrion, Jacques Filion et Byron Kerr. Sur le plan économique, on procède à l'ouverture d'une nouvelle succursale de la Banque de Montréal à l'angle des rues Victoria et Green et à l'ouverture d'une épicerie Steinberg sur le boulevard Wilfrid-Laurier.

À Greenfield Park, Lawrence Galetti conserve son poste de maire et W.S Morwwood est réélu conseiller.

À Saint-Hubert, Paul Moisan est réélu conseiller municipal. À Mackayville, le maire Paul Provost et le député Pierre Sévigny inaugurent les travaux de construction d'un système d'aqueduc et d'égouts.

À Jacques-Cartier on ouvre plusieurs nouvelles écoles: l'école Anastase-Forget, de 14 classes, située au 2533, rue Cartier, dans la paroisse de Saint-Jean-Vianney, l'école Carillon, de 14 classes, au 1360, rue Laurier, dans la paroisse de Saint-Pie-X, l'école primaire Joseph-de-Sérigny, de 14 classes, au 1 000, chemin du Lac, dans la paroisse de Saint-François-de-Sales et l'école Saint-Jude, de 16 classes, dans la paroisse de Saint-Jude.

La direction de l'hôpital de maternité Guérette, à Longueuil, décide de déménager à Jacques-Cartier à l'angle du boulevard Curé-Poirier et de la rue Hindland, aujourd'hui Duvernay. L'ancien édifice du chemin de Chambly est alors occupé par le nouvel hôpital Saint-Félix.

Sur le plan religieux, la chapelle de la desserte de Saint-Romain, dans le quartier qu'on appelait alors «Bédardville», est détruite par le feu le 1er janvier.

Décès


Bouthillier, Isidore, propriétaire de la laiterie Saint-Alexandre, située sur la rue Saint-Alexandre, près de la rue Guillaume, de 1926 jusqu'à son décès. Il fut aussi directeur de l'Association des distributeurs de lait du Québec et président de la Chambre de commerce de Longueuil en 1944-1945.

Chevalier, Aldéric, commissaire scolaire pendant 35 ans à Montréal-Sud.

Duclos, Albert, propriétaire du cinéma Avalon, rue Saint-Charles, à Longueuil.

Émard, Paul-Marie, assureur bien connu de Longueuil chez le courtier O.-R. Gravel. Il fut chevalier de Colomb du 4e degré et Grand Chevalier du Conseil de l'Assemblée Louis-Marquis-de-Montcalm.

Raymond, Alphonse, fondateur d'une importante conserverie installée, en 1928, à Montréal-Sud à l'angle des rues Papineau et Joséphine. Il fut aussi conseiller législatif, sous l'étiquette de l'Union nationale, de 1936 à 1958.

Thurber, Alexandre, député libéral de la circonscription de Chambly de 1923 à 1927 et en 1935, et maire de Longueuil de 1915 à 1925 et de 1933 à 1935. Il fut aussi le vice-pésident de la Stowel Screw, une compagnie installée à Longueuil sur la rue Saint-Laurent, à l'angle de la rue de Châteauguay, et spécialisée dans la fabrication de vis.


Haut de la page