1957-
Longueuil fête son tricentenaire
C'est l'année des célébrations.
Alors que Longueuil fête son tricentenaire, Saint-Lambert célèbre
son centenaire. Longueuil est la quatrième ville à fêter
son tricentenaire après Québec (1908), Trois-Rivières
(1934) et Montréal (1942). La Société Saint-Jean-Baptiste
de Longueuil organise un magnifique défilé de 18 chars
allégoriques, ouvrant la parade avec une réplique du château
fort et la fermant avec le traditionnel personnage du petit Saint-Jean-Baptiste.
La Ville en profite pour publier un bel album-souvenir. Une soixantaine
d'invités, triés sur le volet, se voient offrir un petit
voyage en avion jusqu'à la frontière américaine;
un banquet haut de gamme est offert par la Ville au restaurant Hélène-de-Champlain
et Longueuil se choisit, pour clore les festivités, une reine,
Hélène Caron.
À Saint-Lambert, le défilé n'en est pas moins grandiose
avec plus de 30 chars allégoriques; la soirée se termine
par un feu d'artifice.
À Jacques-Cartier, la situation est moins rose. Les citoyens
se présentent aux urnes dans un contexte très tendu. Le
maire Julien Lord doit proclamer, phénomène exceptionnel,
la loi de l'émeute. L'élection oppose l'équipe
de Léo-Aldéo Rémillard à celle de Joseph-Louis
Chamberland. Elle oppose aussi deux philosophies différentes.
L'équipe de Chamberland est composée de sympathisants
de l'Ordre de Jacques-Cartier, société secrète
vouée à la promotion des intérêts des Canadiens-français
dans le secteur public; elle est officieusement appuyée par le
clergé. L'équipe de Rémillard est composée
de personnages pragmatiques qui se tiennent loin des officines cléricales
ou gouvernementales. Les journaux, dont le Courrier du Sud, appuient
sans équivoque l'équipe de Chamberland. Il y a beaucoup
de grabuge, mais des deux côtés. Chamberland et son équipe
remportent facilement l'élection générale.
Le conseil municipal de Jacques-Cartier change le nom du chemin du Côteau-Rouge;
certains estimaient qu'il comportait une connotation péjorative.
Ce légendaire chemin portait ce nom depuis plus de 200 ans. On
choisit alors le nom de Sainte-Foy, rendant ainsi hommage à Lorenzo
Defoy, le conseiller du quartier qui prit l'initiative de cette mesure.
Le conseil alla même jusqu'à attribuer le vocable de boulevard
à cette rue pourtant fort étroite à l'époque.
Suite à la démission du chef de police Ferdinand de Miffonis,
en poste depuis 1955, le conseil municipal de Jacques-Cartier le remplace
par Édouard Lefebvre.
Sur le plan scolaire, on ouvre l'école primaire Bourgeoys-Champagnat,
composée de 23 classes et située au 2180, rue Brébeuf,
dans le secteur de la paroisse de Saint-Vincent-de-Paul. L'école
est dirigée, à ses débuts, par les soeurs de la
Congrégation de Notre-Dame. On construit aussi l'école
primaire Paul-de-Maricourt au 1275, rue Papineau, dans le secteur de
la paroisse de Notre-Dame-de-la-Garde.
Sur le plan religieux, Antonio Gagnon devient le curé de la paroisse
de Saint-François-de-Sales; il occupe ce poste jusqu'en 1969.
Sur le plan social, les Filles Sainte-Marie-de-Leuca fondent le Pavillon
de l'enfance, un centre d'aide aux enfants et aux filles-mères,
situé sur la rue Louise, dans le quartier du Sacré-Coeur.
Sur le plan économique, Jacques-Cartier est fière de procéder
à l'ouverture d'un centre commercial moderne, sur le chemin de
Chambly, près du boulevard Sainte-Foy. Des magasins tels l'épicerie
à grande surface Steinberg, une nouveauté, attirent une
nombreuse clientèle. À Longueuil, on commence à
mettre de l'avant que " tout se passe ailleurs ", qu'il est
temps d'exploiter davantage le potentiel commercial des Longueuillois.
Jean-Paul Auclair, le propriétaire du Courrier du Sud,
caresse déjà l'idée d'un centre commercial encore
plus prestigieux dans le Vieux-Longueuil. Il réalisera éventuellement
son rêve en ouvrant la Place Longueuil en 1966. Toujours à
Jacques-Cartier, une autre caisse populaire voit le jour dans la paroisse
de Notre-Dame-de-la-Garde. La caisse, située sur le boulevard
Sainte-Foy, est présidée par Oscar Béliveau. Oswald
Guérin est élu vice-président et Alexandre O'Gleman,
nommé secrétaire-gérant.
Parmi les faits divers les plus intéressants de cette année
1957, André Lamoureux met fin à son «poteauthon» de 24
jours. Il tentait de battre le record Guinness. Installé sur
une petite plateforme, au sommet d'un poteau d'une quinzaine de mètres,
à l'angle de la rue Brodeur et du chemin de Chambly, il couchait
dans une rudimentaire boîte qui épousait la forme d'un
cercueil. Jamais n'avait-on vu affluer, dans ce quartier, une population
aussi dense, venant même de Montréal pour voir l'événement.
Des élections ont lieu à Longueuil dans trois quartiers.
Antoine Spickler et Alfred Doucet sont réélus. À
la surprise générale, le docteur Pierre Jodoin, président
de la commission des fêtes du tricentenaire, est battu par Jean
Marien, un candidat pourtant peu connu. Le docteur Jodoin démissionne
de son poste de président de la commission de la fête du
tricentenaire et y est remplacé par Paul Pratt.
La Commission scolaire catholique de Longueuil ouvre une nouvelle école
sur le boulevard Quinn, à l'angle de la rue De Gentilly. L'école
François-de-Bienville est bilingue et contient 17 classes.
Tollé de protestations à Montréal-Sud. Le conseil
décide d'acheter, malgré les résultats négatifs
d'un référendum sur cette question, la maison du conseiller
municipal René Lord pour servir d'hôtel de ville. Le conseiller
avait démissionné la semaine précédant la
décision du conseil pour ne pas se mettre en situation de conflit
d'intérêt.
À Saint-Hubert, le curé Ernest Coursol dénonce
du haut de la chaire, lors de la messe dominicale, le comportement de
deux candidats au conseil municipal qui ont engagé «des tueurs,
des bandits, pour voler l'élection, pour entraver la liberté
de votre vote». À Mackayville, ville aujourd'hui intégrée
à Saint-Hubert, la situation municipale est plus tendue que jamais
suite à la démission d'un conseiller municipal et de six
des vingt pompiers.
Sur la scène fédérale, le libéral Auguste
Vincent remporte la victoire sur son opposant conservateur, Pierre Sévigny,
en récoltant 11 012 votes contre 6 131.
Décès
Bertrand, Ovila , conseiller de la Municipalité de la
paroisse de Saint-Antoine de Longueuil du 10 janvier 1918 au 9 février
1920. Il fut aussi le premier syndic de la paroisse de Notre-Dame-de-Grâces.
Charrette-Desmarchais, Hector, maire de Jacques-Cartier.
Élu maire en 1954, il démissionna en 1955. Il fut conseiller
municipal, dans le secteur du Sacré-Coeur, de 1949 à 1954.
Longtin, J.-M., médecin et maire de Laprairie pendant
26 ans.
Mainville, Adrien, administrateur de la boulangerie Mainville,
fondée en 1889 par son père Alexis, sur la rue Grant.
Palmer, Fred Hampton, conseiller municipal de Montréal-Sud
de 1917 à 1920.
Pepin, Abias, concessionnaire d'automobiles, rue Saint-Charles,
à Longueuil, de la compagnie General Motors. Président
fondateur de la Chambre de commerce de la Cité de Longueuil,
en 1938.
1958
Les employés du Courrier du Sud pendent la crémaillère
dans leur nouveau local de la rue Saint-Charles. Il s'agit du quatrième
déménagement de l'entreprise qui avait occupé des
locaux à Montréal-Sud avant de s'installer près
de la taverne du Roi, puis sur le chemin de Chambly, dans l'édifice
alors nommé Jazzar.
Sur le plan scolaire, on fonde la commission scolaire régionale
de Chambly dont la juridiction dépasse largement le territoire
Longueuil. Ses 175 employés sont rassemblés en 1987 sous
un même toit, dans l'ancien collège de Longueuil, pour
peu de temps puisqu'en 1992, elle cesse ses activités.
Moins d'une année après une élection générale
au fédéral, les électeurs sont de nouveau sollicités.
Le Québec, cette fois, n'échappe pas au raz-de-marée
conservateur sous la direction de John Diefenbaker. À Longueuil,
le conservateur Pierre Sévigny obtient 18 637 votes contre
16 238 pour son opposant libéral, Auguste Vincent, et 2 507 pour
le docteur et écrivain Jacques Ferron, du parti Social démocrate.
Des élections générales ont également lieu
à Montréal-Sud où Sylva Charland est élu
maire. Le conseil municipal est également composé des
conseillers Paul-Émile Bousquet, Carl J. Carlsen, Émile
de Grandpré, Robert Fouquereau, Eugène Haineault et Paul
Simon.
Sur le plan scolaire, on construit l'école primaire Notre-Dame
au 695, rue Duvernay, en face de l'école Saint-Jean-Baptiste.
À Longueuil, la maison Héroux, à l'angle sud-est
du chemin de Chambly et de la rue Saint-Charles, est détruite
pour élargir le chemin de Chambly; la Ville s'appuie alors sur
le résultat d'un référendum sur cette question
où 716 propriétaires électeurs s'étaient
prononcés en faveur de la démolition de la maison contre
seulement 141 opposants. La Banque de la cité et du district
de Montréal, devenue depuis la Banque Laurentienne, se porte
acquéreur de l'emplacement et y aménage, en 1963, à
côté de la nouvelle banque, un musée historique
qui sera gérée, jusqu'en 1976, par Odette Lebrun; le musée
ferme ses portes en 1992.
À Longueuil, des élections municipales ont lieu dans trois
quartiers. Médard Deniger, Marcel Mongeau et Jean Armand sont
élus conseillers.
Sur le plan économique, la Banque canadienne nationale déménage
dans un nouvel édifice à l'angle des rues Saint-Charles
et Saint-Alexandre.
À Saint-Lambert, Lucien Houde est élu maire par acclamation;
il succède à J.L. Townshend. Trois nouveaux conseillers
sont également élus: Louis Geoffrion, Jacques Filion et
Byron Kerr. Sur le plan économique, on procède à
l'ouverture d'une nouvelle succursale de la Banque de Montréal
à l'angle des rues Victoria et Green et à l'ouverture
d'une épicerie Steinberg sur le boulevard Wilfrid-Laurier.
À Greenfield Park, Lawrence Galetti conserve son poste de maire
et W.S Morwwood est réélu conseiller.
À Saint-Hubert, Paul Moisan est réélu conseiller
municipal. À Mackayville, le maire Paul Provost et le député
Pierre Sévigny inaugurent les travaux de construction d'un système
d'aqueduc et d'égouts.
À Jacques-Cartier on ouvre plusieurs nouvelles écoles:
l'école Anastase-Forget, de 14 classes, située au 2533,
rue Cartier, dans la paroisse de Saint-Jean-Vianney, l'école
Carillon, de 14 classes, au 1360, rue Laurier, dans la paroisse de Saint-Pie-X,
l'école primaire Joseph-de-Sérigny, de 14 classes, au
1 000, chemin du Lac, dans la paroisse de Saint-François-de-Sales
et l'école Saint-Jude, de 16 classes, dans la paroisse de Saint-Jude.
La direction de l'hôpital de maternité Guérette,
à Longueuil, décide de déménager à
Jacques-Cartier à l'angle du boulevard Curé-Poirier et
de la rue Hindland, aujourd'hui Duvernay. L'ancien édifice du
chemin de Chambly est alors occupé par le nouvel hôpital
Saint-Félix.
Sur le plan religieux, la chapelle de la desserte de Saint-Romain, dans
le quartier qu'on appelait alors «Bédardville», est détruite
par le feu le 1er janvier.
Décès
Bouthillier, Isidore, propriétaire
de la laiterie Saint-Alexandre, située sur la rue Saint-Alexandre,
près de la rue Guillaume, de 1926 jusqu'à son décès.
Il fut aussi directeur de l'Association des distributeurs de lait du
Québec et président de la Chambre de commerce de Longueuil
en 1944-1945.
Chevalier, Aldéric, commissaire scolaire pendant 35 ans
à Montréal-Sud.
Duclos, Albert, propriétaire du cinéma Avalon,
rue Saint-Charles, à Longueuil.
Émard, Paul-Marie, assureur bien connu de Longueuil chez
le courtier O.-R. Gravel. Il fut chevalier de Colomb du 4e degré
et Grand Chevalier du Conseil de l'Assemblée Louis-Marquis-de-Montcalm.
Raymond, Alphonse, fondateur d'une importante conserverie installée,
en 1928, à Montréal-Sud à l'angle des rues Papineau
et Joséphine. Il fut aussi conseiller législatif, sous
l'étiquette de l'Union nationale, de 1936 à 1958.
Thurber, Alexandre, député libéral de la
circonscription de Chambly de 1923 à 1927 et en 1935, et maire
de Longueuil de 1915 à 1925 et de 1933 à 1935. Il fut
aussi le vice-pésident de la Stowel Screw, une compagnie
installée à Longueuil sur la rue Saint-Laurent, à
l'angle de la rue de Châteauguay, et spécialisée
dans la fabrication de vis.
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