Les origines de la nouvelle ville de la rive sud remontent à l'implantation de cinq seigneuries: la seigneurie de La Prairie de la Magdeleine, pour ce qui concerne la ville de Brossard, la seigneurie de Longueuil, pour les villes de Greenfield Park, de LeMoyne, de Saint-Lambert, de Saint-Hubert et de Longueuil, la seigneurie de Varennes pour le fief Du Tremblay, la seigneurie de Boucherville pour la ville du même nom, la seigneurie de Montarville pour la ville de Saint-Bruno-de-Montarville.


Le territoire de la nouvelle ville de la Rive-Sud relève de cinq seigneuries:
La Prairie de la Magdeleine, Longueuil, Varennes, Boucherville et Montarville.

Graphisme Benoît Martel.
© Société historique et culturelle du Marigot.

Le territoire de la nouvelle ville de la Rive-Sud relève de cinq seigneuries: La Prairie de la Magdeleine, Longueuil, Varennes, Boucherville et Montarville.




La seigneurie de La Prairie de la Magdeleine, de deux lieues de front par quatre lieues de profondeur, fait face, au nord, au fleuve Saint-Laurent. Elle est bornée, à l'est, par la seigneurie de Longueuil et à l'ouest, par la seigneurie du Sault-Saint-Louis et celle de La Salle. Elle est concédée aux Jésuites en 1647.

L'emplacement de la seigneurie de La Prairie de la Magdeleine est hautement stratégique. La seigneurie sert de couloir pour relier le fleuve Saint-Laurent à la rivière Richelieu. Les Iroquoiens y font de nombreuses incursions. Plus tard, la première ligne de chemin de fer au Canada reliera La Prairie à Saint-Jean-sur-Richelieu.

Le fait que la rive sud de Montréal soit formée d'une plaine, facilite beaucoup l'implantation de colonies.

Le pivot de la colonie sera situé au village de La Prairie de la Magdeleine. C'est là que le domaine du seigneur sera établi et que l'église, le moulin, le cimetière et autres bâtiments d'importance seront érigés. Ce territoire correspond au Vieux-La Prairie d'aujourd'hui.

L'autre secteur, délimité du précédent par la rivière Saint-Jacques, couvre la côte de Saint-Lambert (Brossard) et le Mouillepieds (secteur ouest de la ville de Saint-Lambert, anciennement la ville de Préville).

Enfin, une autre partie, bien que minime, a droit à son moulin et à sa milice, soit la partie à l'extrême ouest qui englobe les rivières du Portage et de la Tortue (près de Candiac et de Sainte-Catherine).


Le territoire original de Longueuil comprend un territoire de 50 arpents de large, donnant sur le fleuve, par 100 arpents de profondeur, accordé à Charles Le Moyne, le 24 septembre 1657, à partir de la seigneurie de la Citière. La seigneurie de la Citière avait été créée, en 1635, deux années après l'arrivée en Nouvelle-France de la Compagnie des Cent-Associés qui gérait alors la colonie.

Une partie importante du territoire de Longueuil est alors traversée par le ruisseau Saint-Antoine.

Le 30 mai 1664, une année après l'implantation du gouvernement royal, Charles Le Moyne signe un contrat avec Jean de Lauson qui lui cède alors l'île Sainte-Hélène et l'île Ronde: ce contrat est ratifié le 20 mars 1665.

Un document signé par le roi Louis XIV, à Saint-Germain en Laye, nous apprend que Charles Le Moyne obtient le titre de seigneur, au mois de mars 1668 ce qui transforme le territoire en seigneurie.

Le 3 novembre 1672, l'intendant Jean Talon lui octroie les terres non concédées entre la seigneurie de La Magdeleine, appartenant aux Jésuites, et le fief Du Tremblay, appartenant au seigneur de Varennes, ce qui comprenait concrètement Saint-Lambert. La Nouvelle-France est alors divisée en trois gouvernements soit ceux de Québec, de Trois-Rivières et de Montréal. L'intendant est le plus haut fonctionnaire de la Nouvelle-France: il est responsable des finances et de la justice. Jean-Talon est le premier intendant de 1665 à 1668 et de 1670 à 1672.

Le 10 juillet 1676, Jacques Duchesneau de la Doussinière, intendant de la Nouvelle-France (1675-1682), réunit les trois concessions précédentes en une seigneurie dite de Longueuil, tout en étendant le territoire en profondeur.

Le 25 septembre 1698, Jean Bochard de Champigny, intendant de la Nouvelle-France (1686-1702), concède à Charles Le Moyne fils, Charles père étant décédé en 1685, une autre terre s'étendant en profondeur.

Finalement, le 8 juillet 1710, Michel Bégon, intendant de la Nouvelle-France (1712-1726) octroie une dernière concession qui étend notamment la seigneurie de Longueuil jusqu'à la rivière Richelieu, aux limites de Saint-Jean-sur-Richelieu; cette dernière concession n'a cependant jamais fait partie du territoire de la paroisse de Saint-Antoine.

La seigneurie de Longueuil est érigée en baronnie le 26 janvier 1700, à Versailles. Le territoire complet de la seigneurie de Longueuil comprend l'île Sainte-Hélène, l'île Ronde, les Îlets-Verts et s'étend grosso modo du boulevard Jean-Paul-Vincent, à Fatima, jusqu'à la rue Victoria à Saint-Lambert, et du fleuve Saint-Laurent jusqu'à Saint-Bruno dans la section la plus à l'est, et suit le tracé de la limite de la seigneurie de Chambly jusqu'à la rivière Richelieu dans la section la plus à l'ouest, et de là entre le Richelieu et les limites sud de la seigneurie de La Prairie de Magdeleine jusqu'au sud de Saint-Jean-sur-Richelieu.

La seigneurie de Longueuil est érigée en baronnie le 26 janvier 1700, à Versailles. Le territoire complet de la seigneurie de Longueuil comprend l'île Sainte-Hélène, l'île Ronde, les Îlets-Verts et s'étend grosso modo du boulevard Jean-Paul-Vincent, à Fatima, jusqu'à la rue Victoria à Saint-Lambert, et du fleuve Saint-Laurent jusqu'à Saint-Bruno dans la section la plus à l'est, et suit le tracé de la limite de la seigneurie de Chambly jusqu'à la rivière Richelieu dans la section la plus à l'ouest, et de là entre le Richelieu et les limites sud de la seigneurie de La Prairie de Magdeleine jusqu'au sud de Saint-Jean-sur-Richelieu.

À l'extrême est, des fermes s�étalent de la maison Lamarre jusqu'à la limite du fief Du Tremblay qui serait aujourd'hui situé dans le quartier de Fatima.

À l'extrême ouest, mêmes caractéristiques que la précédente, c'est-à-dire essentiellement des fermes.


  Année Seigneurs

Expansion progressive de la baronnie de Longueuil. 1re concession, en 1657; 2e, en 1665; 3e, en 1672; 4e, en 1676; 5e, en 1698 et 6e, en 1710.

Expansion progressive de la baronnie de Longueuil.
1re concession, en 1657; 2e, en 1665; 3e, en 1672;
4e, en 1676; 5e, en 1698 et 6e, en 1710.
Graphisme Benoît Martel.
© Société historique et culturelle du Marigot.

  1668 Charles Le Moyne
  1685 Charles II Le Moyne
 
  Année Barons
  1700 Charles II Le Moyne
  1729 Charles III Le Moyne
  1755 Charles-Jacques Le Moyne
  1755 Marie-Charles Joseph Le Moyne
  1841 Charles William Grant
  1848 Charles James Irwin Grant
  1879 Charles Colmore Grant
  1898 Reginald d'Iberville Grant
  1931 John Moore Grant
  1938 Ronald de Longueuil Grant
  1959 Raymond de Longueuil Grant


Le fief Du Tremblay est situé entre les limites territoriales de la seigneurie de Longueuil et celles de la seigneurie de Boucherville. À l'origine, ce territoire faisait partie de la concession originale de Boucherville obtenue par Pierre Boucher. Le territoire Du Tremblay comprend 28 arpents de front par deux lieues de profondeur.



Cette seigneurie possède 114 arpents de front sur le fleuve Saint-Laurent par deux lieues de profondeur et inclut les Îles-Percées.

Le territoire est cédé par Jean de Lauson à Pierre Boucher (1622-1717), sieur de Grosbois, en 1664. Cependant, en 1672, Pierre Boucher céda par dot, après entente avec Jean Talon, le tiers de sa seigneurie à sa fille Marie et à son gendre, René de Gaultier, sieur de Varennes et gouverneur de Trois-Rivières. C'est ainsi que le fief Du Tremblay se détache de la seigneurie de Boucherville, de même que les îles Dufort (île Charron) et sa voisine l'île Lamoureux. La seigneurie de Boucherville sera donc encadrée à l'est et à l'ouest par deux territoires appartenant au seigneur de Varennes.

 

La seigneurie de Boucherville.

La seigneurie de Boucherville.
Graphisme Benoît Martel.
© Société historique et culturelle du Marigot.


En 1672, comme 39 autres personnes de la Nouvelle-France, Pierre Boucher obtient le titre de seigneur. Le territoire de la rive sud de Montréal commence son développement à partir de cette décision sans précédent d'augmenter sensiblement le nombre de seigneuries.

En 1698, un territoire est ajouté en profondeur, borné à l'ouest par le fief Du Tremblay et au sud par la seigneurie de Montarville (1710).

Boucherville ne fait pas exception à la règle. Le domaine est toujours localisé au centre de la colonie, avec vue sur le fleuve. Deux petites rivières sillonnent le paysage: la rivière Sabrevois et la rivière aux Pins. Le paysage est cependant différent des deux seigneuries précédentes. Les Îles-Percées, formées de l'île Grosbois, de l'île de la Commune, de l'île à Pinard et de l'île Sainte-Marguerite, longtemps nommée l'île Molson, font en effet face à la totalité de la rive de la seigneurie.

Territoire de la seigneurie de Boucherville.
Graphisme Benoît Martel.
© Société historique et culturelle du Marigot.
Territoire de la seigneurie de Boucherville.

  Année Seigneurs  
  1672 Pierre Boucher, sieur de Grosbois
  1717 Pierre Boucher de Boucherville
  1740 François Pierre Boucher de Bouchervilles
  1767 René-Amable Boucher de Boucherville
  1812 Pierre-Amable Boucher de Boucherville


Ce territoire a un statut vraiment particulier. Il est situé à l'extrême est de la seigneurie de Boucherville, entre le Petit Bois, près de la rivière de Muy ou rivière aux Pins, et les limites de la seigneurie de Varennes. Le territoire fait partie intégrante de la seigneurie de Boucherville. En 1688, Pierre Boucher cède ce territoire à sa fille et à ses descendants. Il possède quatre arpents de front sur le fleuve Saint-Laurent et deux lieues de profondeur. En 1695, le fief est agrandi de cinq arpents et demi, totalisant ainsi 9,5 arpents de front sur le fleuve et deux lieues de profondeur. Cette fois, Nicolas Daneau de Muy obtient clairement sa part.


  Année Seigneurs  
  1695 Marguerite Boucher et Nicolas Daneau de Muy
  1708 Jacques-Pierre Daneau de Muy
  1758 Pierre-Charles Daneau de Muy
  1770 Charles-Étienne Daneau de Muy

En 1818, Charles-Étienne vend à son fils Pierre le domaine. En 1835, tout le fief est vendu par Pierre Daneau de Muy aux notaires Charles Daneau de Muy, son neveu, et Louis Lacoste.


La concession est accordée, en 1710, par Philippe de Rigaud, marquis de Vaudreuil, gouverneur de la Nouvelle-France (1703-1725) et Jacques Raudot, intendant de la Nouvelle-France (1705-1710), à Pierre Boucher de Boucherville (1653-1740), fils aîné du fondateur de la seigneurie de Boucherville, Pierre Boucher de Grosbois.

La seigneurie de Montarville d�une lieue et trente arpents de front, sur une lieue et demie de profondeur, est bornée d'un côté, au nord ouest, par la seigneurie de Boucherville; de l'autre côté, au sud-est, par la seigneurie de Chambly; au nord-est par la seigneurie de Varennes et partie par la seigneurie de Beloeil et son augmentation; et, au sud-ouest, partie par la baronnie de Longueuil.

La seigneurie, également appelée fief de Montarville, est particulière. Elle est l'une des premières seigneuries à ne pas avoir accès au fleuve, ni même à une rivière. La seigneurie constitue une véritable enclave qui n'est en fait que le prolongement vers le sud de la seigneurie de Boucherville. Elle est bornée par le fief Du Tremblay à l'ouest, la seigneurie de Varennes à l'est et la seigneurie de Chambly au sud.

La seigneurie englobe la plus petite des collines montérégiennes, le mont Saint-Bruno. Son altitude est en effet d'à peine plus de 218 mètres. Néanmoins, cela lui confère un cachet bien particulier. Le mont Saint-Bruno compte cinq lacs: le lac du Moulin, le lac des Bouleaux, le lac à la Tortue, le lac des Atocas et le lac Seigneurial. Ce bassin hydraulique favorise la construction de moulins. Précisons que le mont s'appelle d'abord Montagne de Boucherville, puis de Montarville. Il n'emprunte le nom de mont Bruno, puis de mont Saint-Bruno, qu'après 1842. Le nom est choisi en hommage à François-Pierre Bruneau (1799-1851), alors seigneur du fief de Montarville.


  Année Seigneurs
1710 Pierre Boucher de Boucherville
  1732 René Boucher de la Bruère
1773 Pierre-René Boucher de la Bruère, sieur de Mogras
  1794 Marie-Charlotte Boucher de la Perrière
1795 François-René Boucher de la Bruère et Renée-Charlotte Boucher de la Bruère
  1796

François-René Boucher de la Bruère et Eustache-Ignace Des Rivières Beaubien

1829 François-Pierre Bruneau et Henri Des Rivières Beaubien
  1842 François-Pierre Bruneau
1851 Olivier-Théophile Bruneau

Les seigneuries constituent de grands rectangles oblongs et perpendiculaires au fleuve Saint-Laurent. Les premières concessions sont également découpées en lots rectangulaires, allongés, parallèles les uns aux autres et perpendiculaires au fleuve. Cette division permet à un plus grand nombre de censitaires d'avoir un accès au fleuve. La largeur des lots varie entre deux et trois arpents de front sur le fleuve: on en multiplie généralement la profondeur par 10. Ce n'est qu'une fois que tout le littoral est concédé qu'on procède ensuite à l'allongement des terres en profondeur et à l'ouverture d'un deuxième rang ou d'une deuxième concession.

La morphologie du territoire témoigne d'une très forte structuration organisationnelle. Rien n'est improvisé. Si les découpages des censives se ressemblent beaucoup d'une seigneurie à l'autre, soit une terre de deux ou trois arpents de front par 20 ou 30 de profondeur, les dimensions des seigneuries sont fort variables. La seigneurie de La Prairie de la Magdeleine est très grande et ne sera pas modifiée. La seigneurie de Longueuil est plus petite à l'origine, mais elle subit de nombreuses modifications qui en font, en bout de piste, la plus grande, s'étendant du fleuve Saint-Laurent jusqu'à la rivière Richelieu. La seigneurie de Boucherville n'est pas créée qu'elle connaît déjà une décroissance (fief Du Tremblay, seigneurie de Varennes, fief de Muy). Le rajout d'un si grand territoire à la seigneurie de Longueuil, en 1710, est certes relié au fait que la seigneurie devient, en 1700, une baronnie et porte donc un signe de noblesse distinctif.

« The Isle of Montreal as they have been Surveyed By the French Engeneers. »

� The Isle of Montreal as they have been
Surveyed By the French Engeneers. �


L'accès au fleuve confère un avantage indéniable aux habitants de ces seigneuries, surtout pour le transport. Le Saint-Laurent constitue la principale voie d'accès pour les Européens. Par contre, les crues printanières font parfois des ravages, comme en témoigne le récit de Pehr Kalm, en 1749:

� (La Prairie) Au printemps, lorsque le volume des eaux s'accroît par la fonte des glaces, qui commence alors, le fleuve inonde une grande partie des terres, et au lieu de les fertiliser� il leur cause au contraire beaucoup de dommages, en y déposant des plantes dont les graines répandent toutes sortes de mauvaises herbes, qui ruinent les champs. Ces inondations obligent les habitants à éloigner leurs bestiaux à une distance considérable, parce que l'eau s'étend très loin: mais heureusement elle ne reste pas plus de deux ou trois jours.

« L’Isle de Montreal et ses environs ».

� L�Isle de Montreal et ses environs �.
Jacques Nicolas Bellin (1764).


La proximité de l'île de Montréal constitue un autre atout. C'est que là que logent les commerçants et les dirigeants politiques.