Au XIXe siècle, le clergé catholique est tout aussi influent qu'au siècle précédent. La très grande majorité des paroissiens sont catholiques et pratiquants.

En 1842, le territoire de la seigneurie de Montarville est érigé en paroisse. La paroisse de Boucherville voit donc le nombre de fidèles diminuer quelque peu. En 1852 et en 1857, la paroisse de Saint-Bruno fait quelques annexions, mais surtout vers le sud-est, au détriment de la paroisse de Saint-Joseph de Chambly (le rang des Trente, le rang des Vingt-Quatre et le rang de la Pointe-de-chemise) et quelque peu de la paroisse de Saint-Antoine (le rang du Canal).

Église de Mackayville.

Église de Mackayville.


Recensement fédéral
 
  Année Longueuil Boucherville Saint-Bruno Saint-Lambert
1851 3 021 2764 1164
  1861 2 753 2695 1719   350  
1871 2 083 2131 1406 327
  1881 2 355   894   332  
1891 2 757 1816 721 906
  1901 2 835   872   1362  

Population catholique (recensement clérical)
 
  Années La Nativité Saint-Antoine Saint-Hubert Sainte-Famille Saint-Bruno
  La Prairie Longueuil   Boucherville   
1821-1825 2860 2921 2948
  1826-1830 3554 2856   3200  
1836-1840 3835 3976 3536
  1841-1845 3667 2000   3200  
1846-1850 3100 2600
  1851-1855 3492   2850  
1856-1860 3324 4826 2675 1900
  1861-1865 3350 3804 1150 2550 1595  
1866-1870 3000 3130 2500 1700
  1871-1875 2994 3300 1333 2150 919  
1876-1880 2800 1455 1300
  1881 3110 3236   1950  

Nombre moyen de communiants
 
  Années La Nativité Saint-Antoine Saint-Hubert Sainte-Famille Saint-Bruno
  La Prairie Longueuil   Boucherville  
  1836-1840 2130 1900   2000    
  1841-1845 2200 1200  
  1846-1850   2150   1750    
  1851-1855 2365   1750  
  1856-1860 2210 3066   1675 1050  
  1861-1865 2240 2775 750 1663 1025  
  1866-1870 2115 2115   1600 1000  
  1871-1875 2107 2200 800 1302 585  
  1876-1880 2000   711   828  


Source: Louis Rousseau et Franck W. Remiggi (dir.), Atlas historique des pratiques religieuses. Le Sud-Ouest du Québec au XIXe siècle. Les Presses de l’Université d’Ottawa.

Les protestants qui s'installent sur la rive sud de Montréal sont en premier lieu les anglicans, c'est-à-dire les tenants de la religion officielle de l'Angleterre. Certains d'entre eux, les Loyalistes, s'étaient installés lors de la guerre d'indépendance des États-Unis entre 1775 et 1783: d'autres proviennent simplement de l'immigration britannique. Pendant la première moitié du XIXe siècle, l'Église d'Angleterre domine complètement la région, chez les protestants. Les anglicans résident à Longueuil et à La Prairie. Les presbytériens sont présents à Saint-Lambert et appartiennent à la St. Cuthbert Presbyterian Church alors qu’à La Prairie, ils forment depuis 1833, la Laprairie Presbyterian Church.

La communauté méthodiste de la Wesleyan Methodist Church s'établit, en 1866, à Saint-Lambert: en 1906, la St. Lambert Mission of the Methodist Church la remplace.

Masonic Temple, à Saint-Lambert.

Masonic Temple, à Saint-Lambert.
Carte postale International Fine Art.
Collection Michel Pratt.


L'Église méthodiste sera présente à Longueuil pour une très courte durée au début des années 1880. En 1889, la Union Sunday School s'implante à Montréal-Sud: elle devient, en 1892, la Montreal South Methodist Church.

Les baptistes sont presque totalement absents de la rive sud de Montréal au XIXe siècle. Ils ne sont présents qu'à Montréal-Sud où ils partagent leur local avec ceux de la Montreal South Methodist Church. Cette église cessera ses activités en 1970.

Par ailleurs, les anglophones ne sont pas tous des protestants. L'arrivée massive d'immigrants irlandais, dans les années 1840, provoque un phénomène bien particulier où les Irlandais grossissent à la fois les rangs des anglophones, langue des conquérants, et des catholiques, religion officielle des francophones. Comme la religion revêt, encore à cette époque, une grande importance sociale, plusieurs Irlandais se marieront à des francophones.


Présence anglophone à Longueuil Présence anglophone à Saint-Lambert
 
  Année Population Anglophones %   Année Population Anglophones %
1851 3 021 84 3 1861 530 16 3
  1861 2 753   35   1   1871 327   145   45
1871 2 083 157 8 1881 332 234 70
  1881 2 355   248   11   1891 906   600   66
1901 1 362 758 56
  1931 6 075   4039   66
1981 20 557 12 460 61


Ordonné prêtre le 21 septembre 1833 à la cathédrale de Québec, Charles Chiniquy (1809-1899) devient ensuite vicaire à Saint-Charles-de-Bellechasse, et à Saint-Roch, à Québec, en 1834. Il est nommé curé de Beauport, en 1838, et de Kamouraska, en 1842. En 1846, il entre, comme novice, dans la communauté monastique des Oblats de Marie-Immaculée, à Longueuil, mais quitte la vie monacale le 1er octobre 1847 et s'établit chez son protecteur, le curé de la paroisse de Saint-Antoine de Longueuil, Louis-Moïse Brassard.

C'est à partir de ce moment-là qu'il retient l'attention en prêchant vigoureusement la tempérance à Longueuil, de 1848 à 1851. Pendant ses campagnes contre la tempérance, Chiniquy parcourt principalement la Montérégie, l'île de Montréal et la rive nord de Montréal. Il est couvert d'honneurs: don d'un crucifix en provenance de Rome par Mgr Bourget, et de 300 jours d'indulgence accordés par le pape pour les membres de la tempérance, de son portrait par le peintre Théophile Hamel, le 29 octobre 1848, et d'une médaille d'or le 15 juillet 1849. Son intervention force le maire du Village de Longueuil, Isidore Hurteau, à fermer sa brasserie. En 1851, il part aux États-Unis, à la demande de l'évêque de Chicago. Il est accusé, dès l'année suivante, d'avoir séduit une femme mariée. Abraham Lincoln, le futur président américain (1861-1865), assume sa défense. Chiniquy est innocenté. Excommunié en 1856 et en 1858, il devient presbytérien, en 1859. Il épouse Euphémie Allard et revient au Québec. Il meurt à Montréal le 16 janvier 1899 et est enterré au cimetière Mont-Royal, à Montréal.



La nouvelle église de la paroisse de la Nativité de La Prairie est construite, en 1840, par Antoine Bourdon, selon les plans de l'architecte Pierre-Louis Morin. L'église a une longueur de 49 mètres et une largeur de 20 mètres. La façade de l'église est cependant refaite, dès 1855, par Louis Ouimet, selon les plans de Victor Bourgeau. L'architecte Bourgeau sera aussi responsable, en 1864, de la décoration intérieure et particulièrement des voûtes et des plans de la chaire. L'une des trois cloches du clocher provient de l'église de 1705.

La paroisse de Saint-Lambert est érigée canoniquement le 12 décembre 1894, au grand dam des Longueuillois qui viennent à peine d'ériger leur quasi-cathédrale et dont certains, qui viennent d'être annexés à la paroisse de Saint-Lambert, devront de
nouveau débourser de l'argent pour une église toute neuve.

La nouvelle église et le presbytère sont bâtis, en 1896, selon les plans de l'architecte G. A. Monette, au coût d'environ 8 500$.

L’église catholique de Saint-Lambert et son presbytère.
Carte postale Pinsonneault. Collection Michel Pratt.

L’église catholique de Saint-Lambert et son presbytère.


Joseph Leblanc construit, en 1886, au coût de 2 810$, l'église anglicane Saint Barnabas selon les plans des architectes Nelson
et Clift. George Beatty finit la construction du temple. L'église
est vendue, en 1929, à une loge maçonnique, mais achetée de nouveau par les anglicans en 1981.


Église St. Barnabas, à Saint-Lambert.

Carte postale. Collection Michel Pratt.

Église St. Barnabas, à Saint-Lambert.



En 1888, un groupe d'hommes d'affaires du secteur de Montréal-Sud achète le lot 158-81, sur la rue Sainte-Hélène, dans le but d'y ériger un temple méthodiste. La Montreal South Methodist Church est bénie en 1892. En 1890, les services religieux ont lieu dans la résidence d'Alfred Humphrey. En 1891, les communautés méthodiste et baptiste utilisent la gare du Grand Tronc, à l'intersection des rues Washington et Sainte-Hélène. L'église avait été construite selon les plans de l'architecte W. H. Rosevear Jr. Elle changera son nom lors de la fusion des églises, en 1925. L'église cesse ses acti- vités le 28 juin 1970. Elle est aujourd'hui abandonnée et en voie de disparition.

L'actuelle cocathédrale est bénie au mois de janvier 1887. Les dettes de la fabrique, en raison de cette construction, sont d'environ 30 000$ et la répartition des coûts de l'église doit être appliquée. L'église n'obtient cependant son statut de cocathédrale que le 27 février 1982, par un décret signé à Rome. L'église est construite, de 1884 à 1887, par Eugène Fournier dit Préfontaine, selon les plans des architectes Maurice Perrault et Albert Mesnard. Si le style extérieur s'appa-rente au néogothique, l'intérieur est plutôt éclectique épousant à la fois le gothique, le roman et le byzantin. L'église subit des modifications majeures en 1930. Elle est rénovée, en 1964, au coût de 275 000$. La fabrique procède à la réfection de son parvis, au coût de 38 276$, en 1971, d'après les plans de l'architecte Paul Paquette. En 1983, pour satisfaire aux normes du Vatican, la cocathédrale entreprend d'autres travaux, notamment pour y accueillir le trône de l'évêque. Les boiseries, les statues et le chemin de la croix sont alors restaurés. Plusieurs lustres sont aussi remplacés ou rénovés.

En 1999, la cocathédrale est dotée d'un nouveau toit de cuivre dont les coûts avoisinent le million de dollars.

Cocathédrale Saint-Antoine, à Longueuil.
Carte postale Pinsonneault. Collection Michel Pratt.

Cocathédrale Saint-Antoine, à Longueuil.


En 1841, la population protestante de Longueuil se fait construire une église. Les protestants épiscopaliens obtiennent un terrain et font construire, par Allen Robinson, une église de style néoroman, en 1842. En 1844, une violente tempête renverse le clocher de l'église. Il est reconstruit par Joseph Tiffin en 1867. En 1847, Richard Lonsdell, qui devint plus tard archi-diacre d'Hochelaga, hérite des paroisses de La Prairie et de Longueuil. En 1852, le baron Grant fait don de l'église à Francis Fulford, l'évêque du nouveau diocèse de Montréal. En 1864, Edmund Wood, de l'église St. John the Evangelist, de Montréal, prend la relève. Excellent musicien, il organise, en 1865, un concert au bénéfice de l'église dans l'entrepôt du Grand Tronc et peut ainsi acheter un orgue. À la suite des pressions des citoyens protestants, l'église obtient, en 1872, un pasteur à demeure, le révérend R. W. B. Webster, qui était d'ailleurs l'assistant du révérend Wood. Des transformations majeures sont alors effectuées à l'église. On plante plus de 90

Église anglicane St. Mark, à Longueuil.

Église anglicane St. Mark, à Longueuil.
Carte postale Desrochers.
Collection Michel Pratt.

arbres et, en 1876, on construit une petite école entre l'église et la rue Saint-Jean, au coût de 961$. L'école sera détruite au mois d'octobre 1935. La Commission scolaire protestante, dissidente de la Commission scolaire catholique, est fondée en 1868. Elle obtient sa reconnaissance juridique en 1894.

À la suite de la démission du révérend Webster, Thomas Everett le remplace jusqu'en 1879, année où il doit laisser son poste pour des raisons de santé. Ernest Houghton le remplace le 14 mai 1879. Fred W. Webber succède à Hougton qui s'était d'ailleurs absenté pendant presque une année complète, entre 1880 et 1881, pour aller solliciter un soutien financier en Angleterre. Webber préféra retourner aux études et J. Gilbert Baylis prend charge de l'église, le 10 mai 1886. C'est sous son administration que St. Mark reçoit ses titres de paroisse et que fut construit le presbytère, en 1893.


Les membres de l'Église méthodiste s'installent, en 1882, à Longueuil. Ils construisent une chapelle de bois de 4,8 mètres de front, sur la rue Saint-Charles, et de 7,3 mètres de profondeur, en face de la pointe du parc du Triangle, le parc Saint-Jean-Baptiste, l’actuel bâtiment de l'hebdomadaire Le Courrier du Sud. La propriété fut ensuite vendue, en 1889, à François Crevier.



L'église de Boucherville, bâtie en 1801 par François Garaud dit Saint-Onge et Louis Bouillereau dit Comtois, selon les plans de l'abbé Connefroy, est détruite par un incendie, en 1843. Seule une partie de la façade est conservée.

La décoration intérieure, principalement imputable à Louis-Amable Quévillon, mais complétée par Victor Bourgeau, est entièrement détruite lors de l'incendie. Néanmoins le curé et quelques paroissiens réussissent à sauver des oeuvres uniques qui sont conservées encore aujourd'hui dans l'église, telles le retable en noyer du maître-autel de Gilles Bolvin, les tombeaux du maître-autel, de la célébration et de l'autel du transept de droite, ainsi que le retable de l'autel du transept de droite de Louis Quevillon ainsi que certains tableaux du peintre Roy-Audy. La décoration de l'église de 1844 est confiée à Louis-Thomas Berlinguet. En 1879, Victor Bourgeau est responsable de la construction du baptistère. En 1964, on ajoute une salle près de la sacristie, elle-même reliée au transept.

En 1996, la firme Casavant construit le nouvel orgue (opus 3749) de l'église au coût de 275 000$. L'orgue, à traction mécanique, comporte 21 jeux répartis sur deux claviers manuels et un pédalier, 23 rangs et 1 597 tuyaux. L'orgue est installé dans un buffet construit par Berlinguet pour recevoir l'orgue d'origine qui avait été construit par Samuel Warren.

 

Église de la paroisse de Sainte-Famille.

Église de la paroisse de Sainte-Famille.
Carte postale Charpentier.
Collection Michel Pratt.


L'église est construite de 1849 à 1851 par Henri Favreau et Gilbert Provost. L'église est en pierres des champs et mesure 27,5 mètres de longueur par 12 mètres de largeur. L'église est dotée de 94 bancs dans la nef et de 74 au jubé et dans les balcons. Un presbytère fut construit en même temps.



Église de Saint-Bruno.

Carte postale.

Église de Saint-Bruno.

Église presbytérienne Gardenville, à Longueuil.

Église presbytérienne Gardenville, à Longueuil.
Carte postale. Collection Michel Pratt.