Le peuplement des seigneuries et les premiers établissements

Charles Le Moyne obtient son titre de seigneur en 1668 et Pierre Boucher obtient le sien quatre ans plus tard. La progression du peuplement de ces deux colonies offre des similitudes. On pourrait croire que le peuplement de la seigneurie de La Prairie de la Magdeleine possède une avance insurmontable compte tenu de son ancienneté. Il n'en est rien. Le peuplement de cette seigneurie commence en même temps que celui de Longueuil et de Boucherville.

C'est la guérilla iroquoise qui a retardé le développement démographique des Blancs d'origine européenne de cette région. Lorsque le régiment de Carignan-Salières, composé de 1 200 soldats, arrive, en 1665, le revirement de la situation est incontestable. Dès 1667, la paix est rétablie, facilitant ainsi la croissance de ce secteur.

Les premières concessions de la seigneurie de Longueuil, en 1675.

Les premières concessions de la seigneurie de
Longueuil, en 1675.

Graphisme Benoît Martel.
© Société historique et culturelle du Marigot.


La seigneurie de Montarville voit
le jour en 1710 seulement: sa
croissance accuse donc un retard
par rapport aux trois autres.

  Seigneurie 1681 1698 1706 1719 1739  
  La Prairie* 184   321 377   1 290  
  Longueuil et le fief Du Tremblay 105   223 319   636  
  Longueuil seulement 78       191    
  Du Tremblay seulement 27  
  Boucherville 179   393 429   1 027  

* (en 1739 inclut la seigneurie du Sault Sainte-Marie)
 

En étudiant les recensements, il apparaît clairement que les seigneuries de La Prairie de la Magdeleine et de Boucherville connaissent un développement démographique relativement identique. Même en incluant le fief Du Tremblay, Longueuil traîne de la patte. Il serait assez juste d'affirmer que la population de la seigneurie de Longueuil est légèrement inférieure à la moitié de celle des deux autres seigneuries. D'ailleurs, la population de la seigneurie de Longueuil seulement, en 1719, n'est que de 191 habitants. Ces données statistiques ne tiennent pas compte du sous-enregistrement, qui pourrait avoisiner les 10%; les écarts entre les seigneuries n'en demeurent pas moins assez exacts.

La progression du peuplement est fulgurante à ses débuts, soit entre 1665 et 1673. Elle est due principalement au retour de la paix avec les Iroquois, à l'arrivée en Nouvelle-France d'environ 1 000 « Filles du Roy » et à l'installation au pays du tiers des soldats du régiment Carignan-Salières, soit environ 400 soldats. Dans les années 1670, l'immigration diminue considérablement; les conflits militaires en Europe en constituent la cause principale.


Dans les années 1690, les affrontements avec les Iroquois ne facilitent pas la cause. Au début des années 1700, des épidémies de variole déciment la population. De plus, le taux de mortalité infantile est très élevé. Donc, de 1670 jusqu'au début des années 1710, l'accroissement démographique n'est en grande partie attribuable qu'au taux très élevé de natalité.

Les données de l'année 1698 sont un peu particulières, car alors que l'écart est nul en 1681, il est maintenant de 19% en faveur de Boucherville. Ce revirement peut être attribuable au fait que le territoire de La Prairie est plus susceptible d'être attaqué par les Iroquois qui ont repris le combat. D'ailleurs, une fois la Grande Paix de 1701 signée, l'écart démographique est réduit à 12%, en 1706.

Les concessions de la seigneurie de Longueuil, vers 1723.

Les concessions de la seigneurie de Longueuil, vers 1723.
Graphisme Benoît Martel.
© Société historique et culturelle du Marigot.


Les esclaves

Les premiers colons étaient presque tous catholiques. Quelques huguenots, surtout des marchands, ont pu se faufiler, mais on n'en retrouve aucune trace vérifiable.

On a également noté la présence d'esclaves, principalement d'origine amérindienne. En 1709, l'intendant Jacques Raudot émet l'ordonnance suivante: « Nous, sous le bon plaisir de sa Majesté, ordonnons que tous les Panis et Nègres qui ont été achetés et qui le seront dans la suite appartiendront en pleine propriété à ceux qui les ont achetés, comme étant leurs esclaves. »

Dans la seigneurie de Longueuil, on en a découvert quelques-uns:

- le baron Charles Le Moyne qui possède un couple d'esclaves qui ont au moins sept enfants, tous baptisés à Longueuil. Des esclaves figurent d'ailleurs sur les armoiries de la famille Le Moyne. D'autres esclaves amérindiens viennent accroître ce nombre. Au décès du premier baron de Longueuil, la succession fait le partage des esclaves, quitte à séparer les enfants de leurs parents;

- le notaire seigneurial François-Pierre Cherrier qui possède une esclave amérindienne;

- André Marsil qui en possède également un du nom de Joseph. Il lui fait notamment faire du transport en canot, en 1736, pour un nommé Bourassa et il est précisé dans l'acte notarié que Marsil en est le propriétaire. L'année suivante, ses services sont loués à Nicolas Volant;

- Adrien Fournier dit Préfontaine fils qui achète, en 1757, un esclave de 7 ou 8 ans qu'il paye 350 livres.

L'historien Marcel Trudel a également identifié François Collin, vers 1785, Jacques Desautels, entre 1765 et 1784, et Toussaint Truteau, vers 1722, comme propriétaires d'esclaves: il estime de plus que Charles Surprenant, vers 1734, aurait pu être le propriétaire de Pierre Suprenant, de la nation Pacota.

- Dans la seigneurie de La Prairie de la Magdeleine, on en recense environ 70 d'origine amérindienne. Parmi les propriétaires, au 18e siècle, on compte notamment Michel Bisaillon, René Bourassa, Jacques Deneau mais aussi les familles Lérigé et Pinsonneault.

Les épidémies

Par ailleurs, les seigneuries de la rive sud de Montréal ont connu des épidémies à un point où, en certaines années, les sépultures dépassent les baptêmes. C'est le cas, en 1703, à Longueuil et à Boucherville, et en 1730, à La Prairie, à Longueuil et à Boucherville. En 1733, l'épidémie est également répandue partout mais elle est circonscrite à Longueuil, en 1754.


  Seigneurie Année Baptêmes Mariages Sépultures Total
  La Prairie 1702 22 3 4   29
  1703 17 1 7   25
1704 27 4 3   34
  Longueuil 1702 16 2 1   19
  1703 15 2 24 41
1704 21 1 4 26
  Boucherville 1702 28 6 2   36
  1703 22 3 23   48
1704 38 3 4   45
 
  Seigneurie Année Baptêmes Mariages Sépultures Total
  La Prairie 1729 42 7   25 74  
  1730 42 12   44 98  
1731 58 10   26 94  
  Longueuil 1729 28 7   12 47  
  1730 24 8 38 70
1731 39 10 29 78
  Boucherville 1729 45 3   28 76  
  1730 42 18   46 106  
1731 54 9   21 84  

Une étude plus approfondie des sépultures dans la paroisse de Saint-Antoine, en 1703, nous démontre clairement que les victimes sont presque toutes des enfants en bas âge.

  Nom Âge
  Madeleine Achim 4   mois
  Ursule Achim 2   ans
  Marie-Catherine Adam 18   mois
  Antoine Bray 3   mois
  Jeanne Chartrand 60   ans
  Pierre Deniau 17   mois
  François Douillard 15   mois
  René Douillard 3   ans
  François Dubois 3   mois
  Étienne François 1   journée
  Marguerite Gareau 7   semaines
  Michel Gareau 10   ans
  Françoise Goyo 4   ans
  Marie-Antoinette Goyo 10   jours
  François Hardouin 7   semaines
  Louis Lamoureux 2   jours
  Marie-Louise Page 4   mois
  Pierre Patenotre 2   mois
  Marie-Marguerite Robidoux 2   mois
  Jean Ronceray     ?
  Jacques Roy 2   mois
  Anne-Antoinette Vary     ?
  Michel Viau 3   ans
  Nicolas Viau 8   mois

Les premières concessions (1671-1705)
Le Mouillepieds (partie extrême ouest de Saint-Lambert)


Les premières concessions du territoire du Mouillepieds s'échelonnent de 1674 à 1695. La partie ouest est la première touchée puis, progressivement, l'est, plus précisément vers Longueuil. On enregistre 17 concessions.

Comme dans les autres seigneuries, les premiers concessionnaires sont plutôt de passage, mais les familles qui sont établies au début des années 1700 sont plus stables. C'est ainsi que les véritables familles pionnières du Mouillepieds sont les Bétourné, Marsil, Robidou, Trutteau et Diel.

 

  Nom Lot Année 1723

Carte des premières concessions du Mouillepieds (Préville ou partie ouest de Saint-Lambert).

Carte des premières concessions du Mouillepieds
(Préville ou partie ouest de Saint-Lambert).

Graphisme Benoît Martel.
© Société historique et culturelle du Marigot


Village de La Prairie et contours du fort.

Village de La Prairie et contours du fort.
Graphisme Benoît Martel.
© Société historique et culturelle du Marigot.
Informations prises dans Gaétan Bourdages,
Michel Létourneau et Paul Racine, La Nativité de
La Prairie, 1667-1991, 1991

  Jean-Baptiste Gibaud 1 1793  
  Joseph et Guillaume Robidou 1   X
  André Marsil L'Espagnol 2 1679  
  Jean Gervais 2   X
  Jacques Perras Fontaine 3 1679  
  Étienne Achim St-André et  
  André Marsil 3   X
  Claude Lacroix 4 1679  
  Charles Marsil 4 1713 X
  Jacques Deneau Destailly 5 1677  
  Jean Gervais et Pierre Bétourné 5   X
  Pierre Perras Lafontaine 6 1677  
  Pierre Bétourné 6 1694 X
  Antoine Boudria 7 1687  
  Louis Bétourné 7   X
  Pierre Foubert 8 1677  
  Jean Gervais 8   X
  Jean Surprenant 9 1674  
  Toussaint Trutteau 9   X
  Pierre Reboux 10 1674  
  Étienne Truteau 10   X
  Gilles Durant 11 1674  
  Nicolas Varin La Pistole 11   X
  Jean Inard Provençal 12 1674  
  Mathieu Gervais 12   X
  Philippe Jarni 13 1675  
  Mathieu Gervais,  
Jean-Baptiste Bibo et
Charles Marsil 13   X
  André Robidoux 14 1674  
  Joseph Robidou 14   X
  Pierre Lefebvre 15 1672  
  Eustache Demers Dumais 15 1692 X
  Antoine Rousseau Labonté 16 1675  
  Maurice Demers 16   X
  Charles Diel 17 1674  
  Nicolas Varin et Jacques Diel 17 1707 X

Par ailleurs, en consultant les données de 1723, on constate que, même à cette période, toutes les terres n'ont pas une maison et rares sont celles dont plus de la moitié est labourée.

Le Mouillepieds, même s'il relève de la seigneurie de La Prairie de la Magdeleine, fera partie de la paroisse de Saint-Antoine de Longueuil et, éventuellement, de la Municipalité de la paroisse de Saint-Antoine de Longueuil, fondée en 1845.

La côte Saint-Lambert (Brossard)

Les concessions de cette partie du territoire se font, au contraire, de 1673 à 1690, de l'est vers l'ouest, c'est-à-dire en direction du domaine. Comme ce sera le cas pour la seigneurie de Longueuil, on tarde à accorder des concessions situées trop près du domaine, voulant ainsi profiter au maximum de l'espace disponible. On enregistre 32 concessions, de forme quasi perpendiculaire, qui font face au fleuve ou à la commune.


  Nom Lot Année

Plan des premières concessions de la côte de Saint-Lambert.

Plan des premières concessions de la côte de Saint-Lambert.
Graphisme Benoît Martel.
© Société historique et culturelle du Marigot.

  Pierre Foubert 1 1673
  René Voisin 2 1674
  Julien Dobigon 3 1676
  Fiacre Ducharme 4 1674
  Jean Laroche 5 1673
  Pierre Courcelles Chevalier 6 1673
  Mathurin Moquin 7 1678
  Jean Magnan Lespérance 8 1676
  Jean Magnan Lespérance 9 1672
  Marin Desneau 10 1672
  Jean Inard Provença 11 1674
  Jean Verdon 12 1674
  Antoine Rousseau Labonté 13 1673
  Pierre Roy 14 1673
  Pierre Poupart 15 1673
  Nicolas Laurent Lachapelle 16 1673
  Pierre Perras Fontaine 17 1673
  Pierre Lepine Laviolette 18 1672
  Jacques Tetu Larivière 19 1672
  François Cahel 20 1673
  Claude Rure 21 1675
  Antoine Caillé Biscornet 22 1675
  Mathurin Martin 23 1678
  Charles Boye 24 1677
  Jean Leroux Laplante 25 1678
  Joseph Tissot 26 1674
  Louis Palardy Paillard 27 1678
  Philippe Palardy Paillard 28 1675
  Pierre Lefebvre 29 1675
  André Forand 30 1690
  Charles Deneau 31 1690
  Jérome Longtain 32 1690

  Nom Lot Arpents Arpents labourés % labourés Maison
  Robidou, Joseph 1 2 ,5 10  perches   1
  Robidou, Guillaume 2 24 ,0 15 ,0 63  
  Gervais, Jean 3 44 ,0 16 ,0 36  
  Achim dit Saint-André 4 26 ,0 8 ,0 31 1
  Marsil, André 5 30 ,0 6 ,5 22  
  Marsil, Charles 6 34 ,0 18 ,0 53  
  Gervais, Jean 7 23 ,4 7 ,5 32 1
  Bétourné, Pierre 8 23 ,4 9 ,0 38 1
  Bétourné, Louis 9 27 ,0 10 ,0 37 1
  Gervais, Jean 10 40 ,0 16 ,0 40 1
  Trutteau, Toussaint 11 60 ,0 30 ,0 50  
  Trutteau, Étienne 12 80 ,0 32 ,0 40  
  Varin, Nicolas 13 60 ,0 9 ,0 15  
  Gervais, Mathieu 14 6 ,0 4 ,0 67  
  Marsil, Charles 15 6 ,0 4 ,0 67  
  Gervais, Mathieu 16 40 ,0 22 ,0 55 1
  Bibeau, Jean 17 26 ,0 15 ,0 58 1
  Robidou, Joseph 18 40 ,0 28 ,0 70 1
  Demers, Eustache, veuve 19 80 ,0 18 ,0 23 1
  Demers, Maurice 20 40 ,0 18 ,0 45 1
  Varin, Nicolas 21 40 ,0 12 ,0 30 1
  Diel, Jacques 22 6 ,0 1 ,5 25  
  Lamarche, Julien 23 6 ,0 1 ,5 25  
  Grande-Maison, Dlle 24 6 ,0 1 ,5 25  
  Diel, Jacques 25 20 ,0 4 ,0 20 1
  790 ,3 306 ,5 40 13

Il ne faudrait pas oublier que la seigneurie de La Prairie de la Magdeleine, plus particulièrement la mission Saint-François-Xavier-des-Prés, héberge également un petit nombre d'Amérindiens, venus dans les années 1660, de l'État de New York, à la côte Borgnesse, située entre la rivière Saint-Jacques et le village de La Prairie. Compte tenu de l'utilisation massive de la monoculture du maïs et de l'appauvrissement subséquent des terres, les Amérindiens migrent assez rapidement pour s'établir, à partir de 1676, à la mission de Saint-François-du-Sault, située à la côte Sainte-Catherine. Ils s'installent aussi à Kanawake, à Kanesatake (Lac-des-Deux-Montagnes) et, vers les années 1750, à Akwesasne (Saint-Régis). Ces Mohawks sont largement convertis au catholicisme.

Seigneurie de Longueuil

Les premières concessions sont accordées en 1675, même si, dans les faits, les terres sont occupées depuis quelques années. On enregistre 16 concessions dont 11 à l'est du domaine du seigneur et 5 à l'ouest.

En 1695, on compte 28 concessions, 14 à l'est du domaine et 14 autres à l'ouest.

En 1705, on recense 39 concessions qui font face au fleuve. Force est de constater que La Prairie profite davantage de son accès au fleuve puisque les 49 concessions, à l'est de la rivière Saint-Jacques, ne représentent que la partie est du domaine de La Prairie. Les concessions qui font face au fleuve sont généralement nommées les premières concessions ou encore celles du premier rang. Les concessions à l'arrière du fief, celles du deuxième rang ou encore de la deuxième concession, et ainsi de suite.


Il est fort intéressant de constater que les premiers occupants de la seigneurie de Longueuil sont loin d'être des cultivateurs. Il faut attendre la génération subséquente pour que les colons se convertissent à l'agriculture.

La moyenne d'âge des premiers propriétaires est de 34 ans. Ils viennent surtout de Bretagne, de Normandie, de Champagne et du Poitou-Charente.

Comme c'est le cas dans d'autres seigneuries, il est très rare que les propriétaires des premières concessions y demeurent longtemps. Dans le cas du fief Du Tremblay, seule la terre limitrophe à la seigneurie de Boucherville, appartenant à Élisabeth Valiquette, est entre les mêmes mains depuis son attribution jusqu'à l'aveu et dénombrement de 1723. Puis vers 1710, les propriétés se stabilisent. Les familles Benoit, Viau, Bourdon, Lanctôt et Dubuc qui possèdent plus de la moitié des terres, seront présentes au Tremblay pendant de nombreuses années.

    Nom Origine
  Guillaume Gendron dit la Rolandière Bretagne
  Jacques Viau dit Lespérance Bretagne
  Pierre Boisseau dit le Breton Bretagne
  Jean Robin Champagne
  Paul Benoist dit Livernois Champagne
  Bertrand Lemartre inconnue
  Jean Petit inconnue inconnue
  Louis Lamoureux inconnue
  Michel Dubuc inconnue
  Adrien Saint-Aubin Normandie
  François Blot Normandie
  Jacques Bourdon Normandie
  Charles Édeline Paris
  Pierre Chicoine Pays-de-la-Loire
  Étienne Truteau Poitou-Charente
  Jean Ronceray dit Le Breton Poitou-Charente
 

 

Seigneurie de Boucherville

Les premières terres sont occupées dès 1668. Dès 1673, les terres sur le bord du fleuve sont déjà largement concédées. Tout comme dans la seigneurie de Longueuil, l'âge moyen se situe au début de la trentaine. Au moins 43% des habitants qui possèdent une concession sont originaires de la région du Poitou-Charente; vient, loin derrière, la Normandie avec 19%. Ces statistiques ne tiennent cependant pas compte de l'origine des épouses des premiers colons.

Au moins trois colons sont charpentiers. La seigneurie a son notaire. On relève également un arquebusier, un sellier, un tailleur, un cordonnier, un tisserand et un corroyeur. Le reste, soit presque la moitié, est composé d'agriculteurs ou de domestiques qui deviennent rapidement des agriculteurs lorsqu'ils prennent possession de leur terre.


  Nom Profession Âge en 1675 Origine
  Pierre Boisseau dit le Breton inconnue 29 Bretagne
  Adrien Saint-Aubin inconnue 27 Normandie
  Louis Lamoureux défricheur 36 inconnue
  Jean Petit tailleur 32 inconnue
  Michel Dubuc maçon et couvreur 31 inconnue
  Jean Ronceray dit le Breton habitant 32 Poitou-Charente
  Pierre Chicoine inconnue 34 Pays-de-la-Loire
  Bertrand Lemartre inconnue 32 inconnue
  Jacques Viau dit Lespérance marchand 35 Bretagne
  Jacques Bourdon notaire royal 30 Normandie
  Charles Édeline cordonnier 34 Paris
 
Domaine seigneurial
     
  Jean Robin juge seigneurial 32 Champagne
  Étienne Truteau charpentier 34 Poitou-Charente
  François Blot boulanger 28 Normandie
  Paul Benoist dit Livernois charpentier 49 Champagne
  Guillaume Gendron dit la Rolandière boucher 45 Bretagne

  Nom Origine

Carte de la France.

Carte de la France.
Graphisme Benoît Martel.
© Société historique et culturelle du Marigo

  Jean-Jacques Viger Galoppe Auvergne
  Lucas Loiseau Champagne
  René Rémy Champagne Champagne
  Christophe Février Lacroix Île-de-France
  Pierre Bougret Dufort Île-de-France
  Jean Lafond Fontaine inconnue
  Pierre Gaulard Dupuy inconnue
  Simon Caillouet inconnue
  Théophile Berger inconnue
  Thomas Frérot de la Chenest inconnue
  Désiré Viger Normandie
  François Senecal Normandie
  Jacques Bourdon Normandie
  Jean Bellet Chaussé Normandie
  Jean de Noyon Normandie
  Pierre Martin Normandie
  Robert Henry Normandie
  Jacques Ménard Lafontaine Pays-de-la-Loire
  Joseph Huet Dulude Pays-de-la-Loire
  Claude Bourgeois Picardie
  François Seguin Ladéroute Picardie
  Antoine Daunais Poitou-Charente
  Denis Veronneau Poitou-Charente
  François Pillette Poitou-Charente
  François Quintal Poitou-Charente
  Jean Gareau Saintonge Poitou-Charente
  Jean Vinet Poitou-Charente
  Joachim Reguindeau Poitou-Charente
  Léger Baron Poitou-Charente
  Louis Louvinel Poitou-Charente
  Pierre Bourgery Poitou-Charente
  Pierre Chaperon Poitou-Charente
  Pierre Gareau Poitou-Charente
  Pierre Larivée Poitou-Charente
  Pierre Sauchet Larigueur Poitou-Charente
  Robert Lafontaine Poitou-Charente
  Roger Latouche Poitou-Charente

Il est intéressant de noter que la contribution des régions françaises au peuplement de cette seigneurie ne correspond pas aux données généralement reconnues pour l'ensemble de la Nouvelle-France où la Normandie se classe bonne première suivie de l'Île-de-France-Paris. La Bretagne ne figure pas du tout au tableau.

À l'aveu et dénombrement de 1724, on dénombre 18 concessions entre le fief Du Tremblay et le bourg. En fait, il y a simplement eu quelques regroupements de concessions par rapport à 1673. Quatre concessions s'ajoutent au sud du bourg. À l'est du domaine seigneurial et du bourg s'ajoutent quatre autres concessions dont la dernière, le fief de Muy, borne les limites de la seigneurie de Varennes.


  Lot Nom Profession Âge Origine
  1 Pierre Chaperon charpentier 32 Poitou-Charente
  2 Théophile Berger domestique - Inconnue
  3 Jean-Jacques Viger Galoppe matelot 48 Auvergne
  4 Roger Latouche domestique 24 Poitou-Charente
  5 Jean-Jacques Viger Galoppe matelot 48 Auvergne
  6 Lucas Loiseau agriculteur 29 Champagne
  7 Jean Bellet Chaussé agriculteur 44 Normandie
  8 Joachim Reguindau contrat d'engagement 32 Poitou-Charente
  9 Pierre Bourgery agriculteur 29 Poitou-Charente
  10 François Seneca domestique - Normandie
  11 Désiré Viger matelot 29 Normandie
  12 Jean Lafond Fontaine soldat 40 Inconnue
  13 Louis Louvinel inconnue - Poitou-Charente
  14 Denis Veronneau agriculteur 32 Poitou-Charente
  15 Antoine Daunais agriculteur 32 Poitou-Charente
  16 Léger Baron agriculteur 30 Poitou-Charente
  17 Pierre Larivée inconnue 30 Poitou-Charente
   
Domaine seigneurial, Chemin Montarville
   
  18 Jean de Noyon arquebusier 34 Normandie
  19 Joseph Huet Dulude agriculteur 22 Pays-de-la-Loire
  20 Jean Vinet traite des fourrures 29 Poitou-Charente
  21 François Quintal tailleur 27 Poitou-Charente
  22 René Rémy Champagne soldat - Champagne
  23 Thomas Frérot de la Chenest notaire 30 Inconnue
  24 Pierre Sauchet Larigueur traite des fourrures 31 Poitou-Charente
  25 François Pillette charpentier 40 Poitou-Charente
  26 Pierre Gaulard Dupuy agriculteur 32 Inconnue
  27 Christophe Février Lacroix soldat 35 Île-de-France
  28 Jean Gareau Saintonge domestique 30 Poitou-Charente
  29 Pierre Bougret Dufort sellier 34 Île-de-France
  30 Louis Robert Lafontaine cordonnier 31 Poitou-Charente
  31 Claude Bourgeois corroyeur 30 Picardie
  32 Jacques Ménard Lafontaine charpentier 45 Pays-de-la-Loire
  33 Simon Caillouet domestique 42 Inconnue
  34 Jacques Bourdon notaire 24 Normandie
  35 François Seguin tisserand 29 Picardie
  36 Pierre Martin domestique 29 Normandie
  37 Robert Henry domestique 27 Normandie
  38 Pierre Gareau agriculteur 21 Poitou-Charente

Le fief du Muy


Les cinq premières concessions sont faites comme partout ailleurs, c'est-à-dire en face du fleuve. Elles sont accordées par Pierre Boucher. Il faut attendre en 1719 avant les de Muy octroient un bloc de cinq concessions; 20 ans plus tard, ils octroient un second bloc de quatre concessions. Finalement, les deux dernières terres, à l'arrière, sont cédées en 1755.

Les lots 4 et 5 constituent le domaine des de Muy.

La primauté de l'occupation littorale se dégage clairement sur le plan du découpage territorial. Face au fleuve Saint-Laurent d'abord, face aux rivières et aux ruisseaux ensuite. Que ce soit le long du ruisseau Saint-Antoine, dans la seigneurie de Longueuil, ou de la rivière Saint-Jacques, dans la seigneurie de La Prairie de la Magdeleine, l'importance des cours d'eau est capitale. Les chemins principaux jouent aussi un rôle important comme c'est le cas du chemin de Chambly et de la montée de la Côte noire (chemin Tiffin), dans la seigneurie de Longueuil, et du chemin de La Pinière, dans la seigneurie de La Prairie de la Magdeleine (Brossard).


Les seigneuries de La Prairie de la Magdeleine, de Longueuil et de Boucherville sont toutes trois situées de façon stratégique en face de l'île de Montréal. Leur position géographique leur confère donc une vocation de halte routière, de terminus, avant de débarquer à Ville-Marie. Les seigneuries de La Prairie de la Magdeleine et de Longueuil font le pont avec la rivière Richelieu qui est située elle-même sur un axe hautement stratégique d'un point de vue militaire.

La région de Ville-Marie et des seigneuries de la rive sud de Ville-Marie est cependant loin d'être le centre nerveux de la Nouvelle-France. La région de Québec l'est bien davantage. Plus de la moitié de toutes les seigneuries avaient été accordées par la Compagnie des Cent-Associés dans la région de Québec et à peine 12% dans la région de Montréal.

Domaine de Muy.

Domaine de Muy.
Source: Lustucru, no 7 automne
1980, Société d'histoire des
Iles Percées, Boucherville.

 
  Lot Nom Concession
  1 Louis Petit dit Lalumière   1686
  2 Henri Sénécal   1688
  3 Léger Bourgerit   1693
  4 Marguerite Boucher   1688
  5 Marguerite Boucher et Nicolas Daneau de Muy   1695
  6 Gilles Papin c. 1719
  7 René Boucher de la Périère   1720
  8 Paul Petit dit Lalumière   1719
  9 René Boucher de la Périère   1720
  10 Jacques Meunier dit Lapierre   1722
  11 René Boucher de la Périère   1721
  12 Charles Langevin   1742
  13 Jacques Lebeau   1741
  14 Augustin Fisiau   1742
  15 Louis Langevin   1742
  16 Jean-Baptiste Chaperon   1755
  17 Joseph Quintin Dubois   1755

Le peuplement des seigneuries et les premiers établissements

Charles Le Moyne obtient son titre de seigneur en 1668 et Pierre Boucher obtient le sien quatre ans plus tard. La progression du peuplement de ces deux colonies offre des similitudes. On pourrait croire que le peuplement de la seigneurie de La Prairie de la Magdeleine possède une avance insurmontable compte tenu de son ancienneté. Il n'en est rien. Le peuplement de cette seigneurie commence en même temps que celui de Longueuil et de Boucherville.

C'est la guérilla iroquoise qui a retardé le développement démographique des Blancs d'origine européenne de cette région. Lorsque le régiment de Carignan-Salières, composé de 1 200 soldats, arrive, en 1665, le revirement de la situation est incontestable. Dès 1667, la paix est rétablie, facilitant ainsi la croissance de ce secteur.

Les premières concessions de la seigneurie de Longueuil, en 1675.

Les premières concessions de la seigneurie de
Longueuil, en 1675.

Graphisme Benoît Martel.
© Société historique et culturelle du Marigot.


La seigneurie de Montarville voit
le jour en 1710 seulement: sa
croissance accuse donc un retard
par rapport aux trois autres.

  Seigneurie 1681 1698 1706 1719 1739
  La Prairie* 184   321 377   1 290  
  Longueuil et le fief Du Tremblay 105   223 319   636  
  Longueuil seulement 78       191    
  Du Tremblay seulement 27  
  Boucherville 179   393 429   1 027  

* (en 1739 inclut la seigneurie du Sault Sainte-Marie)
 

En étudiant les recensements, il apparaît clairement que les seigneuries de La Prairie de la Magdeleine et de Boucherville connaissent un développement démographique relativement identique. Même en incluant le fief Du Tremblay, Longueuil traîne de la patte. Il serait assez juste d'affirmer que la population de la seigneurie de Longueuil est légèrement inférieure à la moitié de celle des deux autres seigneuries. D'ailleurs, la population de la seigneurie de Longueuil seulement, en 1719, n'est que de 191 habitants. Ces données statistiques ne tiennent pas compte du sous-enregistrement, qui pourrait avoisiner les 10%; les écarts entre les seigneuries n'en demeurent pas moins assez exacts.

La progression du peuplement est fulgurante à ses débuts, soit entre 1665 et 1673. Elle est due principalement au retour de la paix avec les Iroquois, à l'arrivée en Nouvelle-France d'environ 1 000 « Filles du Roy » et à l'installation au pays du tiers des soldats du régiment Carignan-Salières, soit environ 400 soldats. Dans les années 1670, l'immigration diminue considérablement; les conflits militaires en Europe en constituent la cause principale.


Dans les années 1690, les affrontements avec les Iroquois ne facilitent pas la cause. Au début des années 1700, des épidémies de variole déciment la population. De plus, le taux de mortalité infantile est très élevé. Donc, de 1670 jusqu'au début des années 1710, l'accroissement démographique n'est en grande partie attribuable qu'au taux très élevé de natalité.

Les données de l'année 1698 sont un peu particulières, car alors que l'écart est nul en 1681, il est maintenant de 19% en faveur de Boucherville. Ce revirement peut être attribuable au fait que le territoire de La Prairie est plus susceptible d'être attaqué par les Iroquois qui ont repris le combat. D'ailleurs, une fois la Grande Paix de 1701 signée, l'écart démographique est réduit à 12%, en 1706.

Les concessions de la seigneurie de Longueuil, vers 1723.

Les concessions de la seigneurie de Longueuil, vers 1723.
Graphisme Benoît Martel.
© Société historique et culturelle du Marigot.


Les esclaves

Les premiers colons étaient presque tous catholiques. Quelques huguenots, surtout des marchands, ont pu se faufiler, mais on n'en retrouve aucune trace vérifiable.

On a également noté la présence d'esclaves, principalement d'origine amérindienne. En 1709, l'intendant Jacques Raudot émet l'ordonnance suivante: « Nous, sous le bon plaisir de sa Majesté, ordonnons que tous les Panis et Nègres qui ont été achetés et qui le seront dans la suite appartiendront en pleine propriété à ceux qui les ont achetés, comme étant leurs esclaves. »

Dans la seigneurie de Longueuil, on en a découvert quelques-uns:

- le baron Charles Le Moyne qui possède un couple d'esclaves qui ont au moins sept enfants, tous baptisés à Longueuil. Des esclaves figurent d'ailleurs sur les armoiries de la famille Le Moyne. D'autres esclaves amérindiens viennent accroître ce nombre. Au décès du premier baron de Longueuil, la succession fait le partage des esclaves, quitte à séparer les enfants de leurs parents;

- le notaire seigneurial François-Pierre Cherrier qui possède une esclave amérindienne;

- André Marsil qui en possède également un du nom de Joseph. Il lui fait notamment faire du transport en canot, en 1736, pour un nommé Bourassa et il est précisé dans l'acte notarié que Marsil en est le propriétaire. L'année suivante, ses services sont loués à Nicolas Volant;

- Adrien Fournier dit Préfontaine fils qui achète, en 1757, un esclave de 7 ou 8 ans qu'il paye 350 livres.

L'historien Marcel Trudel a également identifié François Collin, vers 1785, Jacques Desautels, entre 1765 et 1784, et Toussaint Truteau, vers 1722, comme propriétaires d'esclaves: il estime de plus que Charles Surprenant, vers 1734, aurait pu être le propriétaire de Pierre Suprenant, de la nation Pacota.

- Dans la seigneurie de La Prairie de la Magdeleine, on en recense environ 70 d'origine amérindienne. Parmi les propriétaires, au 18e siècle, on compte notamment Michel Bisaillon, René Bourassa, Jacques Deneau mais aussi les familles Lérigé et Pinsonneault.

Les épidémies

Par ailleurs, les seigneuries de la rive sud de Montréal ont connu des épidémies à un point où, en certaines années, les sépultures dépassent les baptêmes. C'est le cas, en 1703, à Longueuil et à Boucherville, et en 1730, à La Prairie, à Longueuil et à Boucherville. En 1733, l'épidémie est également répandue partout mais elle est circonscrite à Longueuil, en 1754.


  Seigneurie Année Baptêmes Mariages Sépultures Total
  La Prairie 1702 22 3 4   29
  1703 17 1 7   25
1704 27 4 3   34
  Longueuil 1702 16 2 1   19
  1703 15 2 24 41
1704 21 1 4 26
  Boucherville 1702 28 6 2   36
  1703 22 3 23   48
1704 38 3 4   45
 
  Seigneurie Année Baptêmes Mariages Sépultures Total
  La Prairie 1729 42 7   25 74  
  1730 42 12   44 98  
1731 58 10   26 94  
  Longueuil 1729 28 7   12 47  
  1730 24 8 38 70
1731 39 10 29 78
  Boucherville 1729 45 3   28 76  
  1730 42 18   46 106  
1731 54 9   21 84  

Une étude plus approfondie des sépultures dans la paroisse de Saint-Antoine, en 1703, nous démontre clairement que les victimes sont presque toutes des enfants en bas âge.

  Nom Âge  
  Madeleine Achim 4   mois
  Ursule Achim 2   ans
  Marie-Catherine Adam 18   mois
  Antoine Bray 3   mois
  Jeanne Chartrand 60   ans
  Pierre Deniau 17   mois
  François Douillard 15   mois
  René Douillard 3   ans
  François Dubois 3   mois
  Étienne François 1   journée
  Marguerite Gareau 7   semaines
  Michel Gareau 10   ans
  Françoise Goyo 4   ans
  Marie-Antoinette Goyo 10   jours
  François Hardouin 7   semaines
  Louis Lamoureux 2   jours
  Marie-Louise Page 4   mois
  Pierre Patenotre 2   mois
  Marie-Marguerite Robidoux 2   mois
  Jean Ronceray     ?
  Jacques Roy 2   mois
  Anne-Antoinette Vary     ?
  Michel Viau 3   ans
  Nicolas Viau 8   mois

Les premières concessions (1671-1705)
Le Mouillepieds (partie extrême ouest de Saint-Lambert)


Les premières concessions du territoire du Mouillepieds s'échelonnent de 1674 à 1695. La partie ouest est la première touchée puis, progressivement, l'est, plus précisément vers Longueuil. On enregistre 17 concessions.

Comme dans les autres seigneuries, les premiers concessionnaires sont plutôt de passage, mais les familles qui sont établies au début des années 1700 sont plus stables. C'est ainsi que les véritables familles pionnières du Mouillepieds sont les Bétourné, Marsil, Robidou, Trutteau et Diel.

 

  Nom Lot Année 1723

Carte des premières concessions du Mouillepieds (Préville ou partie ouest de Saint-Lambert).

Carte des premières concessions du Mouillepieds
(Préville ou partie ouest de Saint-Lambert).

Graphisme Benoît Martel.
© Société historique et culturelle du Marigot


Village de La Prairie et contours du fort.

Village de La Prairie et contours du fort.
Graphisme Benoît Martel.
© Société historique et culturelle du Marigot.
Informations prises dans Gaétan Bourdages,
Michel Létourneau et Paul Racine, La Nativité de
La Prairie, 1667-1991, 1991

  Jean-Baptiste Gibaud 1 1793  
  Joseph et Guillaume Robidou 1   X
  André Marsil L'Espagnol 2 1679  
  Jean Gervais 2   X
  Jacques Perras Fontaine 3 1679  
  Étienne Achim St-André et  
  André Marsil 3   X
  Claude Lacroix 4 1679  
  Charles Marsil 4 1713 X
  Jacques Deneau Destailly 5 1677  
  Jean Gervais et Pierre Bétourné 5   X
  Pierre Perras Lafontaine 6 1677  
  Pierre Bétourné 6 1694 X
  Antoine Boudria 7 1687  
  Louis Bétourné 7   X
  Pierre Foubert 8 1677  
  Jean Gervais 8   X
  Jean Surprenant 9 1674  
  Toussaint Trutteau 9   X
  Pierre Reboux 10 1674  
  Étienne Truteau 10   X
  Gilles Durant 11 1674  
  Nicolas Varin La Pistole 11   X
  Jean Inard Provençal 12 1674  
  Mathieu Gervais 12   X
  Philippe Jarni 13 1675  
  Mathieu Gervais,  
Jean-Baptiste Bibo et
Charles Marsil 13   X
  André Robidoux 14 1674  
  Joseph Robidou 14   X
  Pierre Lefebvre 15 1672  
  Eustache Demers Dumais 15 1692 X
  Antoine Rousseau Labonté 16 1675  
  Maurice Demers 16   X
  Charles Diel 17 1674  
  Nicolas Varin et Jacques Diel 17 1707 X

Par ailleurs, en consultant les données de 1723, on constate que, même à cette période, toutes les terres n'ont pas une maison et rares sont celles dont plus de la moitié est labourée.

Le Mouillepieds, même s'il relève de la seigneurie de La Prairie de la Magdeleine, fera partie de la paroisse de Saint-Antoine de Longueuil et, éventuellement, de la Municipalité de la paroisse de Saint-Antoine de Longueuil, fondée en 1845.

La côte Saint-Lambert (Brossard)

Les concessions de cette partie du territoire se font, au contraire, de 1673 à 1690, de l'est vers l'ouest, c'est-à-dire en direction du domaine. Comme ce sera le cas pour la seigneurie de Longueuil, on tarde à accorder des concessions situées trop près du domaine, voulant ainsi profiter au maximum de l'espace disponible. On enregistre 32 concessions, de forme quasi perpendiculaire, qui font face au fleuve ou à la commune.


  Nom Lot Année

Plan des premières concessions de la côte de Saint-Lambert.

Plan des premières concessions de la côte de Saint-Lambert.
Graphisme Benoît Martel.
© Société historique et culturelle du Marigot.

  Pierre Foubert 1 1673
  René Voisin 2 1674
  Julien Dobigon 3 1676
  Fiacre Ducharme 4 1674
  Jean Laroche 5 1673
  Pierre Courcelles Chevalier 6 1673
  Mathurin Moquin 7 1678
  Jean Magnan Lespérance 8 1676
  Jean Magnan Lespérance 9 1672
  Marin Desneau 10 1672
  Jean Inard Provença 11 1674
  Jean Verdon 12 1674
  Antoine Rousseau Labonté 13 1673
  Pierre Roy 14 1673
  Pierre Poupart 15 1673
  Nicolas Laurent Lachapelle 16 1673
  Pierre Perras Fontaine 17 1673
  Pierre Lepine Laviolette 18 1672
  Jacques Tetu Larivière 19 1672
  François Cahel 20 1673
  Claude Rure 21 1675
  Antoine Caillé Biscornet 22 1675
  Mathurin Martin 23 1678
  Charles Boye 24 1677
  Jean Leroux Laplante 25 1678
  Joseph Tissot 26 1674
  Louis Palardy Paillard 27 1678
  Philippe Palardy Paillard 28 1675
  Pierre Lefebvre 29 1675
  André Forand 30 1690
  Charles Deneau 31 1690
  Jérome Longtain 32 1690

  Nom Lot Arpents Arpents labourés % labourés Maison
  Robidou, Joseph 1 2 ,5 10  perches   1
  Robidou, Guillaume 2 24 ,0 15 ,0 63  
  Gervais, Jean 3 44 ,0 16 ,0 36  
  Achim dit Saint-André 4 26 ,0 8 ,0 31 1
  Marsil, André 5 30 ,0 6 ,5 22  
  Marsil, Charles 6 34 ,0 18 ,0 53  
  Gervais, Jean 7 23 ,4 7 ,5 32 1
  Bétourné, Pierre 8 23 ,4 9 ,0 38 1
  Bétourné, Louis 9 27 ,0 10 ,0 37 1
  Gervais, Jean 10 40 ,0 16 ,0 40 1
  Trutteau, Toussaint 11 60 ,0 30 ,0 50  
  Trutteau, Étienne 12 80 ,0 32 ,0 40  
  Varin, Nicolas 13 60 ,0 9 ,0 15  
  Gervais, Mathieu 14 6 ,0 4 ,0 67  
  Marsil, Charles 15 6 ,0 4 ,0 67  
  Gervais, Mathieu 16 40 ,0 22 ,0 55 1
  Bibeau, Jean 17 26 ,0 15 ,0 58 1
  Robidou, Joseph 18 40 ,0 28 ,0 70 1
  Demers, Eustache, veuve 19 80 ,0 18 ,0 23 1
  Demers, Maurice 20 40 ,0 18 ,0 45 1
  Varin, Nicolas 21 40 ,0 12 ,0 30 1
  Diel, Jacques 22 6 ,0 1 ,5 25  
  Lamarche, Julien 23 6 ,0 1 ,5 25  
  Grande-Maison, Dlle 24 6 ,0 1 ,5 25  
  Diel, Jacques 25 20 ,0 4 ,0 20 1
  790 ,3 306 ,5 40 13

Il ne faudrait pas oublier que la seigneurie de La Prairie de la Magdeleine, plus particulièrement la mission Saint-François-Xavier-des-Prés, héberge également un petit nombre d'Amérindiens, venus dans les années 1660, de l'État de New York, à la côte Borgnesse, située entre la rivière Saint-Jacques et le village de La Prairie. Compte tenu de l'utilisation massive de la monoculture du maïs et de l'appauvrissement subséquent des terres, les Amérindiens migrent assez rapidement pour s'établir, à partir de 1676, à la mission de Saint-François-du-Sault, située à la côte Sainte-Catherine. Ils s'installent aussi à Kanawake, à Kanesatake (Lac-des-Deux-Montagnes) et, vers les années 1750, à Akwesasne (Saint-Régis). Ces Mohawks sont largement convertis au catholicisme.

Seigneurie de Longueuil

Les premières concessions sont accordées en 1675, même si, dans les faits, les terres sont occupées depuis quelques années. On enregistre 16 concessions dont 11 à l'est du domaine du seigneur et 5 à l'ouest.

En 1695, on compte 28 concessions, 14 à l'est du domaine et 14 autres à l'ouest.

En 1705, on recense 39 concessions qui font face au fleuve. Force est de constater que La Prairie profite davantage de son accès au fleuve puisque les 49 concessions, à l'est de la rivière Saint-Jacques, ne représentent que la partie est du domaine de La Prairie. Les concessions qui font face au fleuve sont généralement nommées les premières concessions ou encore celles du premier rang. Les concessions à l'arrière du fief, celles du deuxième rang ou encore de la deuxième concession, et ainsi de suite.


Il est fort intéressant de constater que les premiers occupants de la seigneurie de Longueuil sont loin d'être des cultivateurs. Il faut attendre la génération subséquente pour que les colons se convertissent à l'agriculture.

La moyenne d'âge des premiers propriétaires est de 34 ans. Ils viennent surtout de Bretagne, de Normandie, de Champagne et du Poitou-Charente.

Comme c'est le cas dans d'autres seigneuries, il est très rare que les propriétaires des premières concessions y demeurent longtemps. Dans le cas du fief Du Tremblay, seule la terre limitrophe à la seigneurie de Boucherville, appartenant à Élisabeth Valiquette, est entre les mêmes mains depuis son attribution jusqu'à l'aveu et dénombrement de 1723. Puis vers 1710, les propriétés se stabilisent. Les familles Benoit, Viau, Bourdon, Lanctôt et Dubuc qui possèdent plus de la moitié des terres, seront présentes au Tremblay pendant de nombreuses années.

    Nom Origine
  Guillaume Gendron dit la Rolandière Bretagne
  Jacques Viau dit Lespérance Bretagne
  Pierre Boisseau dit le Breton Bretagne
  Jean Robin Champagne
  Paul Benoist dit Livernois Champagne
  Bertrand Lemartre inconnue
  Jean Petit inconnue inconnue
  Louis Lamoureux inconnue
  Michel Dubuc inconnue
  Adrien Saint-Aubin Normandie
  François Blot Normandie
  Jacques Bourdon Normandie
  Charles Édeline Paris
  Pierre Chicoine Pays-de-la-Loire
  Étienne Truteau Poitou-Charente
  Jean Ronceray dit Le Breton Poitou-Charente
 

 

Seigneurie de Boucherville

Les premières terres sont occupées dès 1668. Dès 1673, les terres sur le bord du fleuve sont déjà largement concédées. Tout comme dans la seigneurie de Longueuil, l'âge moyen se situe au début de la trentaine. Au moins 43% des habitants qui possèdent une concession sont originaires de la région du Poitou-Charente; vient, loin derrière, la Normandie avec 19%. Ces statistiques ne tiennent cependant pas compte de l'origine des épouses des premiers colons.

Au moins trois colons sont charpentiers. La seigneurie a son notaire. On relève également un arquebusier, un sellier, un tailleur, un cordonnier, un tisserand et un corroyeur. Le reste, soit presque la moitié, est composé d'agriculteurs ou de domestiques qui deviennent rapidement des agriculteurs lorsqu'ils prennent possession de leur terre.


  Nom Profession Âge en 1675 Origine
  Pierre Boisseau dit le Breton inconnue 29 Bretagne
  Adrien Saint-Aubin inconnue 27 Normandie
  Louis Lamoureux défricheur 36 inconnue
  Jean Petit tailleur 32 inconnue
  Michel Dubuc maçon et couvreur 31 inconnue
  Jean Ronceray dit le Breton habitant 32 Poitou-Charente
  Pierre Chicoine inconnue 34 Pays-de-la-Loire
  Bertrand Lemartre inconnue 32 inconnue
  Jacques Viau dit Lespérance marchand 35 Bretagne
  Jacques Bourdon notaire royal 30 Normandie
  Charles Édeline cordonnier 34 Paris
 
Domaine seigneurial
     
  Jean Robin juge seigneurial 32 Champagne
  Étienne Truteau charpentier 34 Poitou-Charente
  François Blot boulanger 28 Normandie
  Paul Benoist dit Livernois charpentier 49 Champagne
  Guillaume Gendron dit la Rolandière boucher 45 Bretagne

  Nom Origine

Carte de la France.

Carte de la France.
Graphisme Benoît Martel.
© Société historique et culturelle du Marigo

  Jean-Jacques Viger Galoppe Auvergne
  Lucas Loiseau Champagne
  René Rémy Champagne Champagne
  Christophe Février Lacroix Île-de-France
  Pierre Bougret Dufort Île-de-France
  Jean Lafond Fontaine inconnue
  Pierre Gaulard Dupuy inconnue
  Simon Caillouet inconnue
  Théophile Berger inconnue
  Thomas Frérot de la Chenest inconnue
  Désiré Viger Normandie
  François Senecal Normandie
  Jacques Bourdon Normandie
  Jean Bellet Chaussé Normandie
  Jean de Noyon Normandie
  Pierre Martin Normandie
  Robert Henry Normandie
  Jacques Ménard Lafontaine Pays-de-la-Loire
  Joseph Huet Dulude Pays-de-la-Loire
  Claude Bourgeois Picardie
  François Seguin Ladéroute Picardie
  Antoine Daunais Poitou-Charente
  Denis Veronneau Poitou-Charente
  François Pillette Poitou-Charente
  François Quintal Poitou-Charente
  Jean Gareau Saintonge Poitou-Charente
  Jean Vinet Poitou-Charente
  Joachim Reguindeau Poitou-Charente
  Léger Baron Poitou-Charente
  Louis Louvinel Poitou-Charente
  Pierre Bourgery Poitou-Charente
  Pierre Chaperon Poitou-Charente
  Pierre Gareau Poitou-Charente
  Pierre Larivée Poitou-Charente
  Pierre Sauchet Larigueur Poitou-Charente
  Robert Lafontaine Poitou-Charente
  Roger Latouche Poitou-Charente

Il est intéressant de noter que la contribution des régions françaises au peuplement de cette seigneurie ne correspond pas aux données généralement reconnues pour l'ensemble de la Nouvelle-France où la Normandie se classe bonne première suivie de l'Île-de-France-Paris. La Bretagne ne figure pas du tout au tableau.

À l'aveu et dénombrement de 1724, on dénombre 18 concessions entre le fief Du Tremblay et le bourg. En fait, il y a simplement eu quelques regroupements de concessions par rapport à 1673. Quatre concessions s'ajoutent au sud du bourg. À l'est du domaine seigneurial et du bourg s'ajoutent quatre autres concessions dont la dernière, le fief de Muy, borne les limites de la seigneurie de Varennes.


  Lot Nom Profession Âge Origine
  1 Pierre Chaperon charpentier 32 Poitou-Charente
  2 Théophile Berger domestique - Inconnue
  3 Jean-Jacques Viger Galoppe matelot 48 Auvergne
  4 Roger Latouche domestique 24 Poitou-Charente
  5 Jean-Jacques Viger Galoppe matelot 48 Auvergne
  6 Lucas Loiseau agriculteur 29 Champagne
  7 Jean Bellet Chaussé agriculteur 44 Normandie
  8 Joachim Reguindau contrat d'engagement 32 Poitou-Charente
  9 Pierre Bourgery agriculteur 29 Poitou-Charente
  10 François Seneca domestique - Normandie
  11 Désiré Viger matelot 29 Normandie
  12 Jean Lafond Fontaine soldat 40 Inconnue
  13 Louis Louvinel inconnue - Poitou-Charente
  14 Denis Veronneau agriculteur 32 Poitou-Charente
  15 Antoine Daunais agriculteur 32 Poitou-Charente
  16 Léger Baron agriculteur 30 Poitou-Charente
  17 Pierre Larivée inconnue 30 Poitou-Charente
   
Domaine seigneurial, Chemin Montarville
   
  18 Jean de Noyon arquebusier 34 Normandie
  19 Joseph Huet Dulude agriculteur 22 Pays-de-la-Loire
  20 Jean Vinet traite des fourrures 29 Poitou-Charente
  21 François Quintal tailleur 27 Poitou-Charente
  22 René Rémy Champagne soldat - Champagne
  23 Thomas Frérot de la Chenest notaire 30 Inconnue
  24 Pierre Sauchet Larigueur traite des fourrures 31 Poitou-Charente
  25 François Pillette charpentier 40 Poitou-Charente
  26 Pierre Gaulard Dupuy agriculteur 32 Inconnue
  27 Christophe Février Lacroix soldat 35 Île-de-France
  28 Jean Gareau Saintonge domestique 30 Poitou-Charente
  29 Pierre Bougret Dufort sellier 34 Île-de-France
  30 Louis Robert Lafontaine cordonnier 31 Poitou-Charente
  31 Claude Bourgeois corroyeur 30 Picardie
  32 Jacques Ménard Lafontaine charpentier 45 Pays-de-la-Loire
  33 Simon Caillouet domestique 42 Inconnue
  34 Jacques Bourdon notaire 24 Normandie
  35 François Seguin tisserand 29 Picardie
  36 Pierre Martin domestique 29 Normandie
  37 Robert Henry domestique 27 Normandie
  38 Pierre Gareau agriculteur 21 Poitou-Charente

Le fief du Muy


Les cinq premières concessions sont faites comme partout ailleurs, c'est-à-dire en face du fleuve. Elles sont accordées par Pierre Boucher. Il faut attendre en 1719 avant les de Muy octroient un bloc de cinq concessions; 20 ans plus tard, ils octroient un second bloc de quatre concessions. Finalement, les deux dernières terres, à l'arrière, sont cédées en 1755.

Les lots 4 et 5 constituent le domaine des de Muy.

La primauté de l'occupation littorale se dégage clairement sur le plan du découpage territorial. Face au fleuve Saint-Laurent d'abord, face aux rivières et aux ruisseaux ensuite. Que ce soit le long du ruisseau Saint-Antoine, dans la seigneurie de Longueuil, ou de la rivière Saint-Jacques, dans la seigneurie de La Prairie de la Magdeleine, l'importance des cours d'eau est capitale. Les chemins principaux jouent aussi un rôle important comme c'est le cas du chemin de Chambly et de la montée de la Côte noire (chemin Tiffin), dans la seigneurie de Longueuil, et du chemin de La Pinière, dans la seigneurie de La Prairie de la Magdeleine (Brossard).


Les seigneuries de La Prairie de la Magdeleine, de Longueuil et de Boucherville sont toutes trois situées de façon stratégique en face de l'île de Montréal. Leur position géographique leur confère donc une vocation de halte routière, de terminus, avant de débarquer à Ville-Marie. Les seigneuries de La Prairie de la Magdeleine et de Longueuil font le pont avec la rivière Richelieu qui est située elle-même sur un axe hautement stratégique d'un point de vue militaire.

La région de Ville-Marie et des seigneuries de la rive sud de Ville-Marie est cependant loin d'être le centre nerveux de la Nouvelle-France. La région de Québec l'est bien davantage. Plus de la moitié de toutes les seigneuries avaient été accordées par la Compagnie des Cent-Associés dans la région de Québec et à peine 12% dans la région de Montréal.

Domaine de Muy.

Domaine de Muy.
Source: Lustucru, no 7 automne
1980, Société d'histoire des
Iles Percées, Boucherville.

 
  Lot Nom Concession
  1 Louis Petit dit Lalumière   1686
  2 Henri Sénécal   1688
  3 Léger Bourgerit   1693
  4 Marguerite Boucher   1688
  5 Marguerite Boucher et Nicolas Daneau de Muy   1695
  6 Gilles Papin c. 1719
  7 René Boucher de la Périère   1720
  8 Paul Petit dit Lalumière   1719
  9 René Boucher de la Périère   1720
  10 Jacques Meunier dit Lapierre   1722
  11 René Boucher de la Périère   1721
  12 Charles Langevin   1742
  13 Jacques Lebeau   1741
  14 Augustin Fisiau   1742
  15 Louis Langevin   1742
  16 Jean-Baptiste Chaperon   1755
  17 Joseph Quintin Dubois   1755