Le cadre paroissial dans le Régime français


Si la seigneurie doit régir les activités sociales et économiques, la paroisse s'occupe du domaine religieux. Il s'agit d'une création légèrement postérieure au peuplement des seigneuries qui nous concernent, exception faite de celle de Montarville où il faut attendre en 1842 avant que cette seigneurie obtienne l'érection canonique de la paroisse de Saint-Bruno. La première paroisse, celle de Notre-Dame de Québec, n'apparaît qu'en 1664. Pendant le Régime français, on crée 126 paroisses contre 220 seigneuries.

Selon Mgr de Laval, les Jésuites desservent, dans la seigneurie de La Prairie de la Magdeleine, une paroisse de 40 familles et 210 fidèles. Dans la seigneurie de Longueuil, même si l'ouverture des registres paroissiaux ne date que de 1698, plusieurs documents attestent de la présence de la paroisse de Saint-Antoine-de-Pades dans les mêmes années.

Dans un document inédit portant sur une édition révisée de son livre Histoire de Longueuil, J.-L. Jodoin affirme qu'on trouve aux archives de Québec, en date du 21 mars 1689, un document faisant référence à une indulgence plénière accordée par le pape à certaines paroisses dont celle de « Saint-Antoine de Pades de Longueuil ».

Les paroisses vers le milieu du XIXe siècle.

Les paroisses vers le milieu du XIXe siècle.
Graphisme Benoît Martel.
© Société historique et culturelle du Marigot.

De nombreux actes aux registres de Boucherville attestent même que cela pourrait être vers 1682 quand l'abbé Pierre de Caumont fait référence à ses « fonctions curiales à Longueuil », le 13 janvier 1682, lors du baptême de Jean Daume, ou encore plus clairement le 21 février 1683 lors du décès de Jeanne Servinien « enterrée dans l'église de Saint-Antoine de Pades, paroisse de Longueil ». Le baptême de Michel Dubuc, le 22 novembre 1683, confirme encore qu'il a été « baptisé dans l'église paroissiale de St-Antoine de Pade de Longueil ». Finalement, même l'acte de mariage de Charlotte Charron, homologué par le notaire Bourdon, en 1686, fait mention de la paroisse de Saint-Antoine.

La seigneurie de Boucherville a son église depuis 1670 et sa paroisse, Sainte-Famille-de-Jésus-Marie-Joseph, dès 1678. Elle porte ainsi le même nom qu'une des paroisses de l'île d'Orléans.

Les limites territoriales des paroisses

Nativité-de-la-Saint-Vierge (La Prairie)
Les limites paroissiales se confondent, à leurs débuts, avec celles de la seigneurie. Seul le territoire du Mouillepieds, l'ancienne ville de Préville, la partie la plus au nord-ouest de Saint-Lambert, a été incorporé à la paroisse de Saint-Antoine-de-Pades, en 1715. Cette unité territoriale entre le cadre seigneurial et le cadre paroissial favorise le sentiment d'appartenance à la région. La décision d'inclure le Mouillepieds dans une autre paroisse suscite un vif débat et une nouvelle querelle entre ecclésiastiques. En 1723, le curé de la paroisse de la Nativité-de-la-Sainte-Vierge, Paul-Armand Ulric, écrit des lettres qui réclament le rattachement du Mouillepieds à sa paroisse originelle et il les fait signer par ses paroissiens.

Saint-Antoine (Longueuil)
Au début, les limites du territoire de la paroisse coïncident avec celles de la seigneurie, mais le territoire de celle-ci évolue à maintes reprises et ses limites sont établies avec plus de précision lorsque la paroisse obtient sa reconnaissance civile le 3 mars 1722, par l'arrêt du Conseil d'État du roi. Elle obtient son érection canonique le 14 octobre 1725, ses limites territoriales étant celles de 1722:

« L'étendue de la paroisse de Saint-Antoine de Pade, située en la baronnie de Longueuil, sera de deux lieues et un quart et huit arpents, le long du fleuve Saint-Laurent, savoir: vingt-six arpents de front que contient le fief du Tremblay, depuis Boucherville, en remontant, jusqu'à Longueuil, une lieue et demie de front que contient la dite baronnie de Longueuil, depuis le dit fief en remontant, jusqu'au lieu dit la Prairie Saint-Lambert, dépendant du fief de la Prairie de la Madelaine, et quarante-cinq arpents ou environ de front que contient le lieu dit Mouillepied, étant de la dite Prairie de Saint-Lambert, à prendre depuis Longueuil en remontant, jusqu'au ruisseau vulgairement appelé du Petit Charles, ensemble de l'Isle Sainte-Marguerite dit Dufort, située vis-à-vis le dit fief du Tremblay, de l'Isle Sainte-Hélène, située vis-à-vis la dite Baronnie, et des profondeurs renfermées dans les susdites bornes. »

La paroisse englobe donc non seulement le Mouillepieds, mais aussi le fief Du Tremblay. Même si la paroisse comprend en théorie toute la profondeur de la baronnie, dans les faits elle ne s'étend qu'aux limites sud de Saint-Hubert. Le territoire en bordure de la rivière Richelieu n'est pas beaucoup peuplé même s'il existe les seigneuries de Beloeil et de Chambly. La rivière Richelieu est un axe d'invasion reconnu et par conséquent risqué et dangereux. Dans la seigneurie de Beloeil, le peuplement ne commence très modestement qu'au début des années 1720 et la population est si peu nombreuse qu'il faut attendre en 1768 pour obtenir une paroisse. La progression à l'intérieur des terres est lente. L'octroi de la seigneurie de Léry, limitrophe à la baronnie de Longueuil, est d'ailleurs tardif (1733).

Sainte-Famille (Boucherville)
Les limites paroissiales sont « d'une lieue et un quart à prendre du côté d'en bas, depuis Varenne, en remontant le long du fleuve, jusqu'au fief Du Tremblay, ensemble les profondeurs de la dite seigneurie et les îles et îlets situés au-devant du dit fief depuis et compris l'île Saint-Joseph, jusqu'à l'île Sainte-Marguerite dit Dufort, icelle non comprise, sans avoir égard aux représentations des habitants du dit fief du Tremblay et des nommés Dufort. » Bref, la paroisse comprend l'ensemble de la seigneurie de Boucherville.

Les chapelles et églises

Saint-François-Xavier et la Nativité-de-la-Sainte-Vierge de La Prairie
La construction de la première chapelle de cette seigneurie date d'environ 1670. Elle est fort modeste et ne constitue en fait que le prolongement du manoir seigneurial des Jésuites, dans leur domaine, près du fleuve Saint-Laurent. Pendant six ans, elle sert à la fois aux Amérindiens et aux colonisateurs d'origine française. Les Amérindiens migrent cependant, à partir de 1676, vers l'ouest de la seigneurie puis s'installent rapidement sur le territoire voisin, Sault-Sainte-Marie. La côte de Saint-Lambert (Brossard) est trop éloignée de la partie centrale de la seigneurie pour que les paroissiens puissent se rendre à cette chapelle. Ils utilisent donc, à partir de 1675, un « logis de pieux en coulice couvert de paille » donné par le censitaire Pierre Perras et son épouse, Denise Le Maistre.

En 1691, elle est transportée au fort de Saint-Lambert. Cette expérience est de courte durée puisqu'elle est détruite en 1705 et que tout son mobilier et ses ornements sont transportés, en 1705, dans la toute nouvelle église du village de La Prairie.

En 1686, en même temps que la prise de possession de la cure par les Sulpiciens, le menuisier Jean Coiteux dit Saint-Jean construit une véritable église de bois, de six mètres de largeur. L'église comprend, au début, neuf bancs pour les paroissiens. Les portes ont « deux ouvertures, avec une grande tringle au milieu et l'autre sans tringle. » Les quatre châssis sont à double ouverture et possèdent des contrevents.

C'est dans une grande controverse qu'est construite, en 1704 et 1705, la première véritable église dans le village. Le peuplement continue sa progression et l'église, construite en 1686, est trop petite. Le problème provient du fait que l'évêque de Québec, Mgr de Saint-Vallier, défraie la quasi-totalité de la construction de cette église en pierres. Les Jésuites font leur part en accordant le terrain et une partie de l'investissement. Ils veulent cependant obtenir le crédit, le droit de patronage, et les honneurs de la construction de ce temple: le curé en place, un Sulpicien d'origine suisse, Michel Villermaula, ne l'entend pas ainsi et s'y oppose avec la plus grande vigueur. En définitive, on assiste à un conflit ouvert entre les seigneurs jésuites et le curé sulpicien. Les Jésuites insistent pour que saint François-Xavier soit le seul patron de la paroisse, réfutant ainsi la Sainte Vierge Marie comme nouvelle titulaire de la paroisse. À moyen terme, la paroisse devient finalement celle de la Nativité-de-la-Sainte-Vierge. Les Jésuites, malgré le support des marguilliers et de quelques paroissiens influents, perdent la bataille sur toute la ligne.

L'église en pierres, de 1705, qui a façade sur le fleuve, a neuf mètres de large et 24 mètres de profondeur et est beaucoup plus imposante que la première église en bois. Son clocher est maintenant intégré à la charpente.

Saint-Antoine-de-Pades de Longueuil
Le premier lieu de culte de Longueuil est situé, dans les années 1670, dans une pièce du manoir du fondateur de Longueuil, Charles Le Moyne, à l'emplacement actuel de la Banque Laurentienne. Cette structure, construite en 1671, mesure 13,7 mètres de long par 7,62 de profondeur. Le manoir du seigneur devient le presbytère et est officiellement concédé à la fabrique de la paroisse le 7 mai 1736. En 1774, Toussaint Truteau obtient un important contrat de menuiserie pour le presbytère. Le bâtiment est démoli, en 1831, et remplacé par un nouveau presbytère de 14,6 mètres par 12,8. L'édifice est ainsi occupé jusqu'en 1910 et est ensuite loué, notamment à Eudoxie Hurteau, l'épouse d'Ovide Dufresne fils, puis vendu, en 1921, à Adolphe Montcalm et Armand Côté pour 7 000$. Eugène Héroux occupe ensuite cet édifice. La maison Héroux est démolie, en 1958, à la suite d'un référendum et remplacée par l'actuelle Banque Laurentienne.

Une chapelle en bois, de 12 mètres par 6 mètres, est utilisée au moins pendant les années 1680. Dans le Plan général de l'état des missions au Canada, en 1683, il y est précisé: « il y a 18 familles, 90 âmes, il y a une chapelle de 40 pieds de longueur sur 20 de large dédiée à St-Antoine de Pades, sans presbytère. »

Lorsque Charles II Le Moyne fait construire le fort, souvent qualifié de château, il fait aussi construire une nouvelle chapelle de 13,7 mètres par 7 mètres qui remplace ainsi la chapelle de bois.

Une église à transept, en pierres, est construite, en 1724, par Guillaume Alexandre dit Jaudoin, à l'emplacement de l'actuelle Maison de l'éducation des adultes, rue Saint-Charles, à l'angle nord-est du chemin de Chambly. Sa façade donne alors sur le chemin de Chambly. Jacques Lefebvre obtient le contrat pour couvrir la toiture en bardeaux. Ce bâtiment mesure alors 12 mètres de largeur par 24,3 mètres de profondeur et n'est pas chauffé l'hiver. Chaque habitant est sollicité pour fournir une barrique de chaux, la pierre et le sable. L'église ne devient vraiment occupée qu'en 1727. Elle est démolie, en 1814, et le terrain vacant sert de jardin au curé jusqu'en 1849 alors qu'une écurie y est construite où les gens laissent leurs chevaux pendant les cérémonies religieuses, célébrées à l'église Saint-Antoine. L'une des plus belles pièces de cette église est le maître-autel sculpté par Paul Jourdain dit Labrosse et actuellement conservé au Musée des beaux-arts du Canada, à Ottawa.

Sainte-Famille de Boucherville
Comme dans les autres seigneuries, la première chapelle de la paroisse est en bois. Construite en 1670, elle mesure 15,25 mètres de long par 10,6 mètres de large. Elle est située exactement au même endroit que l'église actuelle, sur un terrain d'environ sept arpents. L'église n'est dotée d'une cloche qu'en 1691.

Le 20 mai 1676, Mgr de Laval, évêque de l'unique diocèse de Québec, vient confirmer, dans la paroisse, 9 adultes et 14 enfants.

Le fondateur de la seigneurie, Pierre Boucher, fait aussi construire une chapelle sur ce qui deviendra le terrain du couvent des sœurs de la Congrégation Notre-Dame. Cette chapelle sert alors aux dévotions des membres de la Congrégation de la Sainte-Vierge, tous des hommes. Cette chapelle ne résiste pas au temps et doit être démolie en 1740.

La première véritable église, en pierres, est de 1712 et survit jusqu'en 1801, date de la construction de l'église actuelle. La construction de la charpente est confiée à Jean-Baptiste Ménard et la maçonnerie à Pierre Couturier. Quelques très belles pièces viennent s'ajouter à l'ornementation, notamment le tabernacle doré du maître-autel, d'inspiration italienne, caractérisé par un jeu de courbes et de contre-courbes, sculpté par Gilles Bolvin et acquis vers 1745. Le retable du maître-autel de l'église et une balustrade sont également sculptés par le renommé Pierre-Noël Levasseur. C'est dans cette église que sont célébrées, en 1717, les funérailles de Pierre Boucher par le curé de Longueuil, le sulpicien Claude Dauzat. Ce curé fut cependant curé de la paroisse de Sainte-Famille, de 1711 à 1714.

Les cimetières

L'inhumation des corps se pratique de différentes façons. Les notables de la seigneurie se font normalement inhumer dans l'église elle-même. Les autres personnes se font enterrer dans le cimetière.

Les cimetières sont généralement à proximité de l'église, à quelques mètres à peine de distance, normalement derrière l'église. Dans la paroisse de Saint-Antoine, le premier enterrement connu est celui de Jean Blot, alors âgé de trois semaines, fils d'un des premiers concessionnaires, François Blot, et de son épouse, Isabelle Benoist. L'enfant est enterré le 6 février 1682 dans la chapelle de Longueuil; Paul Benoit est également enterré au même endroit, en 1686. Il est établi qu'en 1696, il y a un cimetière, mais on en ignore encore l'emplacement exact bien que l'on croie qu'il était situé des deux côtés du ruisseau Saint-Antoine, au nord de la rue Saint-Charles.

Un autre cimetière est aménagé, en 1724, derrière l'église construite à l'emplacement actuel de la Maison de l'éducation des adultes, au coin du chemin de Chambly et de la rue Saint-Charles. Ce cimetière est alors plus précisément situé à proximité du ruisseau Saint-Antoine, du côté ouest. Il devient trop petit et Mgr Plessis doit en interdire l'utilisation en 1809.

Le nouveau cimetière est alors aménagé derrière l'église de 1811, à l'emplacement de l'actuel presbytère, sur la rue Sainte-Élizabeth. Ce terrain est cédé à la fabrique le 15 avril 1815.

L'emplacement présent, du côté est du chemin de Chambly, emplacement de l'ancienne commune, est acquis en 1864 de Pierre Davignon et béni en 1865. Une section du terrain est réservée à l'inhumation des religieuses de la congrégation des Sœurs des Saints Noms de Jésus et de Marie. En 1962, la fabrique obtient un élargissement du cimetière jusqu'à la rue de Normandie en échange du terrain de stationnement en face de la maison Chaboillez, sur la rue Saint-Charles. Le cimetière était doté d'un superbe monument, « Le Calvaire » qui surmontait le charnier où l'on déposait les corps pendant l'hiver. « Le Calvaire » avait été réalisé, en 1925, par la maison Petrucci. Il est démoli en 1964. En 1971, l'élargissement du chemin de Chambly entraîne le déplacement d'un certain nombre de monuments et de sépultures.

La cocathédrale possède une crypte où des descendants de Charles Le Moyne sont enterrés. À partir du milieu des années 1940, il devient impossible d'y être enterré, à l'exception des ecclésiastiques, comme ce fut le cas pour Mgr Romain Boulé, en 1962.

Un changement important des mentalités, surtout depuis les années 1980, rend de plus en plus répandue la pratique de l'incinération des corps.

La fabrique

La dîme
L'administration et l'encadrement paroissial coûtent de l'argent. Il faut payer le salaire du curé et du bedeau, fournir le nécessaire aux services religieux comme le vin, les hosties, les chandelles, et pourvoir aux dépen- ses d'entretien de l'église. Le clergé a le privilège de percevoir la dîme. Cette redevance religieuse équivaut théoriquement au dixième d'une récolte ou d'un revenu quelconque, cependant, la dîme perçue en Nouvelle-France est bien inférieure à ce montant.

La quête
La quête aux offices religieux est un autre moyen d'arriver à boucler le budget. Il peut y avoir d'autres possibilités comme la quête de l'Enfant-Jésus, les offrandes de messe, la location des bancs d'église, la vente des lampions.

Comme on peut le constater en 1687, les dépenses sont beaucoup plus élevées que les recettes. La paroisse est peu peuplée et les coûts de la construction de la première église en bois se reflètent dans ce tableau. La construction de l'église de 1705 n'a rien coûté à la fabrique qui, de 1718 à 1742, atteint ainsi l'équilibre budgétaire et dégage même un léger surplus en 1758. L'augmentation continuelle des coûts et des dépenses est simplement attribuable à la croissance démographique de la paroisse.

Surplus budgétaire de l'exercice financier de 1726, incluant la construction de la nouvelle église dans la paroisse de Saint-Antoine.


  Recettes           Dépenses      
   
  Quête de l'Enfant-Jésus 64   minots de blé   Cire 50   livres
  Boisvert (en argent) 10   livres   Charpentiers et ouvriers 131   livres
  Langevin (en argent) 8   livres   Total 181   livres
  Cierges, pain béni 15   livres  
  Charles Truteau (en argent) 22   livres
  Enterrements 58   livres
  4 minots de blé 8   livres
  Quêtes à l'église 110   livres
  Total 223   livres

Pour l'année suivante, la fabrique dégage un autre surplus alors que la quasi-totalité des dépenses sont encore affectées à la construction de l'église. La fabrique retire, pour l'année 1727, des revenus substantiels de la location des bancs, soit 527 livres. La contribution de Charles Truteau est expliquée par sa fonction de marguillier sortant. En 1727, François Lanctôt, marguillier sortant, remet aussi à la fabrique la somme de 40 livres.

La gestion de la paroisse est assurée par la fabrique, constituée des marguilliers. Leur fonction est prestigieuse. Les marguilliers ont leur banc réservé à l'église et ils occupent des positions bien en vue dans diverses processions et cérémonies.

La paroisse peut parfois compter sur la générosité de fidèles qui font des legs à la fabrique; Louis Leduc, dans la paroisse de la Nativité, donne à la fabrique une terre de 60 arpents dont la vente servira à payer le sculpteur du retable de l'église.

Dans la paroisse de Saint-François-Xavier, plus tard de La Nativité, dans la seigneurie de La Prairie de la Magdeleine, les marguilliers entrent en fonction en 1686. Dans la paroisse de Saint-Antoine, dans la baronnie de Longueuil, il faut attendre 1715 avant que les marguilliers n'entrent en fonction; il s'agit de Pierre Charron et de Charles Trudeau. De deux qu'ils sont au début de l'implantation des fabriques, ils passent à trois à partir de 1730. Dans la paroisse de Sainte-Famille, à Boucherville, les marguilliers sont en fonction dès 1670 pour la construction de la première église: il s'agit de Joseph Huet et de Denis Véronneau.

La place de la pratique religieuse dans la vie quotidienne de la Nouvelle-France est prépondérante: assistance à la messe du dimanche obligatoire et interdiction de travailler cette journée-là, confessions obligatoires qui donnent au curé un pouvoir énorme dans la connaissance des faits et gestes de toute la communauté, fêtes de Noël, de l'Épiphanie, de Pâques, mois de Marie, procession de la Fête-Dieu, mariages, baptêmes, sépultures…

Les croix de chemin

Les croix de chemin sont fort nombreuses pendant le Régime français. Ces croix de chemin représentent l'affirmation de la croyance religieuse de ceux qui les construisent. Le naturaliste suédois Pehr Kalm écrit, en 1749: « Durant tout mon voyage à travers le Canada, j'ai rencontré des croix dressées ici et là sur la grand-route. Elles ont une hauteur de deux à trois toises et sont d'une largeur en proportion… Tout Français qui passe devant un calvaire fait le signe de la croix et se découvre. » Ces croix de chemin servent aussi de lieu de rassemblement pour y réciter des prières.

Les croix de chemin qu'on retrouve encore sur la rive sud du Saint-Laurent datent toutes du XXe siècle.

À Brossard, une croix de chemin fut construite à l'angle des boulevards Marie-Victorin et de Rome, en 1938, par Alexis Surprenant. Au moins deux croix de chemin étaient situées sur le boulevard des Prairies et une autre sur le boulevard La Pinière.

À Longueuil, Léon Proulx, qui résidait au 106, rue Benoit, au coin de Grant, érigea devant sa maison, au mois d'août 1952, une croix de granit qu'il avait payée 900$. La croix, érigée en remerciement pour faveur obtenue, est encore présente sur le terrain. Elle mesure environ 4,6 mètres de hauteur et un christ en alumi-nium y est apposé. La croix fut bénie le 16 septembre 1956 par Mgr Coderre. La plus importante est celle du Coteau-Rouge, maintenant le boulevard Sainte-Foy. Cette croix de chemin est la plus ancienne de Longueuil, mais elle a été considérablement modifiée. On croit qu'elle aurait été construite vers 1925 par Ernest Bertrand, qui résidait au 825, chemin du Coteau-Rouge; la Chambre de commerce la remplaça le 20 décembre 1953. Le corps du christ fut alors fabriqué par la fonderie Vandervoorde, et le maire de Jacques-Cartier, René Prévost, acquitta les coûts de l'électricité de la croix de bois qui était illuminée de dizaines de petites lumières. Le chiropraticien Jean Raymond, qui acheta le terrain en 1961, s'occupa par la suite de cette croix. La Ville de Longueuil en prit possession et la rénova en 1985.

Croix de chemin à Boucherville,
à l'angle des rues de Normandie
et Montarville.

Photo Michel Pratt.

 

Cette croix servit, pendant les années 1950, de reposoir lors de la Fête-Dieu. Une nouvelle croix fut érigée, en 1997, par les Chevaliers de Colomb et les Filles d'Isabelle. L'ancienne croix a été acquise par la Société historique et culturelle du Marigot qui l'a fait installer devant son siège social au 440, chemin de Chambly.

À Boucherville, quatre croix de chemin existaient encore, jusqu'à tout récemment. La plus ancienne a été érigée en 1915, à l'intersection du boulevard de Montarville et de la rue de Normandie; elle est la seule croix ornée d'un christ. Une autre croix, construite en 1924, était située à l'angle des rues Jean-Talon et des Vétérans, après avoir été déménagée de son lieu d'origine sur les bord du fleuve, lors de la construction de la route 132. Une troisième croix fut érigée, en 1925, sur la rue de Touraine et finalement une quatrième, en 1929, à l'angle des rues de Montbrun et Général-Vanier. Depuis peu, trois de ces croix ont été reconstruites et la quatrième (coin Jean-Talon et des Vétérans) sera reconstruite et relocalisée bientôt.

Le clocher de l'église domine, en hauteur, tous les autres bâtiments. C'est un point de repère, mais aussi un symbole qui témoigne de la suprématie du clergé. Les croix de chemin et les calvaires rappellent que le catholicisme est présent partout, dans chaque rang de la seigneurie.